Veiller

Culte du dimanche 28 novembre 2021
Prédication rédigée par le pasteur Charles Klagba, sélectionnée et adaptée par Annette Ferrier et Brigitte Rouby

Textes bibliques: 1 Corinthiens 1,3-9 et Marc 13,33-37

Frères et sœurs, nous entrons aujourd’hui dans la période de l’Avent.
Avec ce 1er dimanche de l’Avent, s’ouvre une nouvelle année  liturgique.
Le mot « Avent » signifie avènement, c’est-à-dire « ce qui doit venir ». Ce temps de l’Avent sera donc le temps de la préparation à la fête de Noël où l’on célèbre la première venue du Christ Jésus, il y a quelque 2000 ans. Nous sommes invités, à attendre ce qui doit venir en veillant, en exerçant notre vigilance. Le mois de décembre est donc marqué par un appel à la vigilance. Il est important de nous tenir prêts pour la venue de Jésus tout comme une famille se tient prête pour l’arrivée d’un nouvel enfant.
Le texte que nous avons lu nous parle plus particulièrement de la seconde venue de Jésus, celle de sa venue en gloire à la fin des temps. Voyons comment le Seigneur nous interpelle afin que nous veillions sans nous laisser surprendre.

Un homme parti en voyage, en quittant sa maison, a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail. Il peut arriver à l’improviste et vous trouver endormi : « Veillez : Car vous ne savez pas quand viendra le moment ; veillez car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra ; je le dis à tous veillez ! »
On remarquera dans ce passage la forme impérative avec laquelle Jésus interpelle ses disciples. Prenez garde, restez éveillés ! Tout pouvoir vous a été donné, comme aux serviteurs de cet homme parti en voyage ; mais voici qu’il revient sans savoir précisément, « le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin  ». Alors, veillez ! Les disciples sont interpellés comme partenaire du maître qui part… Ils sont donc mis devant leur responsabilité « tout pouvoir vous a été donné », dans leur liberté d’agir : Prenez garde et veillez ! Car le Seigneur revient à l’improviste et il veut vous trouver sans reproche. Le message est vigoureux mais plein d’espérance, rien n’est perdu.

Veillez, au premier abord, cela ne semble ni facile, ni naturel : dans les cinq versets de ce texte, nous trouvons par trois fois l’exhortation à veiller. Effectivement, veiller ne va pas de soi. En général, quand on veille, c’est la nuit, pour garder quelqu’un ou quelque chose.
Veiller, ce n’est pas très passionnant, parce que souvent il ne se passe rien, et c’est même ce que le veilleur peut espérer de mieux. Mais le veilleur peut être gagné par un sentiment d’être inutile.

Frères et sœurs, veiller, c’est rester ouvert à la présence de Dieu dans nos vies.
Veiller, c’est ne pas passer à coté de l’essentiel.
Veiller c’est savoir s’arrêter et avoir tous ses sens en alerte pour discerner une présence discrète.
Veiller, ce n’est pas rester passif en se disant que ce qui doit arriver arrivera de toute façon.
Veiller, ce n’est pas non plus s’agiter dans tous les sens.
Veiller, c’est rester ouvert à l’inattendu de Dieu.
Veiller, c’est d’abord nous rendre attentif à ce qui précède la venue du Seigneur dans nos vies. Chaque jour, chaque minute peuvent être importants ! C’est dans notre vie quotidienne qu’il faut veiller, c’est dans chacune de nos rencontres que nous pouvons semer un peu de lumière de Dieu. C’est tous les jours que l’on peut donner de soi. C’est tous les jours que nous pouvons prendre soin des autres.
Veiller, c’est agir, être actif aujourd’hui, pour que le Règne de Dieu grandisse demain ! – Veiller c’est faire attention à ne pas s’endormir dans la facilité, la négligence, les compromissions… Et nous sommes invités à veiller non en fonction de ce que nous savons, mais en fonction du fait que nous ne savons rien des évènements derniers. Les disciples du Christ ne sont pas des initiés, mais des veilleurs.

En agissant avec bonté, en accueillant les affamés et les malades, le chrétien est éveillé à la présence de l’Esprit qui l’interpelle à travers eux. En effet, ce sont souvent ces humbles et ces marginaux qui nous précèdent dans l’amour de Dieu. A travers la nuit du monde, nous pouvons être de « petites lumières », chacun selon notre capacité, selon le talent reçu de Dieu. Une attention à un plus petit, à celui que la société marginalise, c’est ce qui nous fait rejoindre secrètement l’Esprit du Ressuscité qui vit et agit dans le cœur des mal-aimés.
Enfin, veiller à la venue du Ressuscité n’est-ce pas aussi lutter contre l’injustice, une injustice qui renaît sans cesse dans la nuit du monde ?
Veiller ne signifie donc pas seulement penser au dernier jour et méditer… Il ne s’agit pas d’une attente passive. Être témoin de la lumière de l’Évangile ne signifie pas seulement que le disciple doit annoncer la Parole de Jésus. Il doit en être le témoin parce qu’elle inspire sa vie quotidienne. Le disciple de Jésus est appelé à réaliser la présence divine en ce monde en faisant fructifier le don de la bonté qu’il a reçu de son Maître et Ami.

L’Évangile nous dit : « en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail et recommandé au portier de veiller ». Effectivement, cette absence du maître pose notre responsabilité en tant qu’homme ou femme, et en tant que chrétien. Chacun d’entre nous exerce un pouvoir, plus ou moins grand, sur ceux qui l’entourent, sur la société ou sein de l’Église. Ce pouvoir nous est confié par Dieu pour un temps. Et ce temps aura une fin. Voilà pourquoi il nous faut agir en ne perdant pas de vue qu’un jour nous paraîtrons devant le Seigneur. Le Seigneur nous aime infiniment et nous fait une pleine confiance. A nous d’essayer de l’aimer en retour et de nous montrer dignes de cette confiance.

Frères et sœurs, l’appel à la vigilance ou à veiller suppose qu’il y a le risque de s’endormir. Et il y en a plusieurs qui nous guettent en cette période de fête… Il y a d’abord, les préparatifs de Noël. Il faut faire un effort pour se rappeler régulièrement que c’est bien Jésus qui vient, et non pas le Père Noël. Les cadeaux, les décorations, les files d’attente dans les magasins, la préparation des bons repas, tout çà n’est pas mauvais en soi. Mais si notre esprit se laisse accaparer par tous ces préparatifs matériels, c’est que nous nous sommes détournés de ce qui est essentiel : nous avons oublié de nous préparer à la venue de Jésus. Nous nous sommes donc bien endormis !
Et puis il y a l’esprit d’indifférence à Dieu qui est omniprésent autour de nous, et qui nous guette nous aussi, si nous ne faisons pas attention. Les gens sont aujourd’hui tellement préoccupés par leur vie professionnelle, préoccupés par leur problèmes affectifs, leurs projets de loisirs, de vacances, leur état de santé… que nous sommes tentés de faire comme eux, tentés de vivre nous aussi comme si Dieu n’existait pas, de laisser somnoler notre esprit, dans cette indifférence générale, et finalement de nous endormir. Oui, nous avons tous nos petites ou grandes habitudes, nos dépendances qui nous éloignent de Dieu, et nous font oublier, là encore, que le Seigneur vient à notre rencontre.
Nous dormons, si nous fermons les yeux sur les situations de misère, d’injustice, de violence. Nous dormons si nous nous résignons en pensant « qu’est-ce que j’y peux ! » Nous dormons si nous nous laissons endormir par des slogans et des pubs sous toutes leurs formes qui nous font rêver d’un monde virtuel, surtout inatteignable. Tout cela, frères et sœurs, nous endort. C’est pourquoi le temps de l’Avent est si utile pour nous sortir de notre sommeil et nous remettre en état de veille, d’attente du Seigneur.
Vous savez, le plus grand obstacle à la vigilance c’est la foi. Oui je dis bien la foi. La foi au sens où l’entendent beaucoup de chrétien, c’est-à-dire la foi en l’existence de Dieu et en la vie après la mort, par opposition aux athées.

Mais la foi qui nous engage à la vigilance est celle qui nous permet de dire : nous sommes aimés de Dieu inconditionnellement chaque jour que Dieu fait avec ses événements ; chaque jour que Dieu fait est une parole pour nous, notre vie réussira et n’est qu’une longue préparation à la rencontre avec la source de tout amour. Sans cette foi, frères et sœurs, l’inconnu nous fait peur, les autres deviennent une menace, et alors notre propre angoisse nous empêche d’écouter ceux et celles qui nous parlent, de nous ouvrir aux événements de la vie et nous sommes incapables d’être alertes.

L’Évangile utilise l’image d’un maître parti à l’étranger. C’est notre situation où nous ne pouvons plus toucher Jésus de nos mains, mais où nous est confié là responsabilité de son domaine. Son retour s’effectue dans la mesure où nous devenons un peu plus chaque jour l’homme nouveau, la femme nouvelle. Chaque jour nous en donne l’opportunité dans la mesure où nous savons « voir » et « être en alerte ». Tout cela exige une confiance en la vie : « que ce soit tard le soir, au milieu de la nuit ou au chant du coq, ou le matin » dit le récit de l’Évangile. En d’autres mots, c’est l’œuvre d’une vie. Voila ce que veut évoquer ce début du temps de l’Avent.

L’apôtre Paul nous affirme dans sa première lettre aux Corinthiens qu’en Jésus Christ nous avons reçu toutes les richesses, celle de la parole et de la connaissance de Dieu… Aucun don de la grâce ne nous manque. Ainsi ajoute-t-il, il ne vous manque aucun don, à vous qui attendez le moment où notre Seigneur apparaîtra. C’est lui qui vous affermira jusqu’à la fin pour que vous soyez irréprochables le jour de notre Seigneur Jésus Christ. Dieu est fidèle, conclut l’apôtre Paul, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son fils, Jésus-Christ notre Seigneur ».

Frères et sœurs, à Noël, c’est Jésus qui se rend présent au monde. La fête de Noël est une fête lumineuse ! Pour qu’elle soit en abondance, il faut semer beaucoup de lumière autour de soi pendant le temps de l’Avent.
En ce temps de l’Avent, VEILLER, c’est peut-être ne jamais oublier que Dieu nous invite à toujours, vivre en communion avec lui et avec nos frères et sœurs. Pour nous aider, nous pouvons suivre Jésus et accueillir l’Esprit Saint. Ce temps de l’Avent dans lequel nous entrons nous apprend à nous rendre attentif à cette présence discrète dans nos existences.

Saurons-nous voir les signes de sa présence dans nos vies ? A chacun, à chacune d’inventer sa manière pour être à l’écoute de Celui qui ne cesse de venir… Bonne période de l’Avent à chacun et à chacune de nous. Amen !

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