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Mets ton espérance dans le Seigneur
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Culte du dimanche 27 février 2022
Prédication par le pasteur David Veldhuizen
Texte biblique : Psaume 27
Chers amis,
Dimanche dernier, tant à Valence où j’ai assuré le culte, qu’ici à Annonay, lors du culte animé par Nadine et Gérard, deux textes bibliques ont servi de support à la prédication. Le premier, en 1 Samuel 26, raconte comment David avait épargné le roi Saül qui le pourchassait, alors que ce même David aurait pu mettre un terme à la menace qui pesait sur lui en neutralisant le roi. David avait refusé cette occasion : en effet, Saül avait été choisi par Dieu et faisait partie du peuple élu, et donc, respecter sa vie était un devoir sacré. Le deuxième texte commenté la semaine dernière était un extrait du Sermon de Jésus dans la plaine, tel que l’évangéliste Luc nous le rapporte, avec cette interpellation ô combien difficile d’aimer ses ennemis, cette recommandation de leur faire du bien.
Oui, tels étaient les grandes lignes des passages bibliques proposés pour dimanche dernier. Le même soir, nous apprenions que des efforts diplomatiques permettaient d’espérer une baisse de la menace que faisait peser le président russe sur le peuple ukrainien. Or depuis jeudi, cette espérance a été remplacée par un trouble immense. L’une des principales puissances mondiales attaque une autre nation souveraine et nous sommes bouleversés. D’abord parce que cette violence nous apparaît sûrement particulièrement injuste et que nous déplorons la souffrance des victimes des affrontements. Mais nous sommes aussi choqués parce que certains éléments nous conduisent à croire que l’agression est notamment motivée par un rejet d’un mode de vie proche du nôtre, notamment en matière de démocratie. Pourquoi ne serions-nous pas aussi menacés ? Sachant que les outils et les mesures dont nous disposons n’ont pas permis d’empêcher l’attaque, nous doutons que les sanctions puissent ramener à la raison le président russe, et nous craignons qu’il n’aille encore plus loin, et qu’en effet, nous soyons directement menacés…
Le défi est redoutable. Les appels à la non-puissance et à l’amour de l’ennemi semblent aujourd’hui encore moins tenables qu’il y a huit jours. Les règles de droit international patiemment élaborées après les pires guerres de notre histoire semblent caduques. Nous avons soudain l’impression que les dispositifs qui préservaient relativement notre paix et notre liberté sont inopérants. En même temps, nous soutenons ces dirigeants qui cherchent par tous les moyens comment agir sans basculer dans un conflit armé continental voire mondial, comment rétablir ces droits et ces libertés qui nous sont si précieuses, que nous pensons essentielles à l’épanouissement de chaque être humain. Comment les rétablir dans le respect de nos valeurs démocratiques et dans notre éthique chrétienne orientée vers la non-violence ? Quel prix sommes-nous prêts à payer pour cela ? Nous le savons, il ne suffira pas d’afficher des drapeaux ukrainiens sur les réseaux sociaux… Par exemple, sommes-nous prêts à avoir froid chez nous, faute de gaz pour alimenter nos chaudières ? Sommes-nous prêts, peut-être, à engager dès à présent un processus de décroissance, à consentir un peu moins de confort au nom de la liberté ?
On peut penser à d’autres épisodes historiques, dont je ne vais pas vous faire la liste. Mais ces précédents historiques, qui, bien sûr, peuvent nous faire penser au pire, ne doivent pas nous conduire à diaboliser l’opposant. Ils nous enjoignent cependant à trouver le courage, la persévérance et l’esprit de solidarité nécessaires pour éviter, justement, que l’Histoire ne se répète.
Aux temps bibliques, vous vous en doutez, les règles qui régissaient les « relations internationales », ces règles étaient différentes de celles que nous connaissons maintenant. En fait, beaucoup d’éléments qui nous donnent aujourd’hui une relative stabilité, une relative maîtrise concernant nos besoins fondamentaux, ces éléments n’existaient pas. Aujourd’hui, s’il survient une catastrophe naturelle, nous avons des services de secours qui sont formés, équipés, etc. Il y a des mécanismes de solidarité sont déclenchés, mobilisant les ressources de toute la collectivité, y compris de personnes inconnues. Nous pouvons compter sur des compétences et des moyens bien plus importants que ceux de notre voisinage immédiat. En fait, aux temps bibliques, l’être humain était davantage conscient de sa fragilité, de sa précarité, et c’est d’ailleurs dans un tel contexte que l’annonce d’une domination sur la Création, comme en Genèse 1, est à comprendre comme une bénédiction : Dieu affirme à l’être humain qu’il pourra avoir un début de maîtrise sur les éléments qui l’environnent. A l’époque aussi, la guerre et l’oppression étrangère étaient fréquentes… Il n’est donc pas étonnant de trouver des textes qui évoquent ce que ressentent les croyants face à l’adversité, ce qu’ils demandent à Dieu dans de telles situations. C’est pour cela que j’ai choisi pour ce matin d’entendre et de commenter le Psaume 27.
1De David. Le SEIGNEUR est ma lumière et mon salut : de qui aurais-je peur ?
Le SEIGNEUR est la forteresse de ma vie : qui pourrait m’effrayer ?
2Quand les mauvais s’approchent de moi pour me dévorer,
mes adversaires et mes ennemis, ce sont eux qui trébuchent et qui tombent.
3Si une troupe dressait son camp contre moi, mon cœur n’aurait aucune crainte ;
si une guerre s’élevait contre moi, malgré cela j’aurais confiance.
4Je demande au SEIGNEUR une seule chose, que je recherche ardemment :
habiter tous les jours de ma vie dans la maison du SEIGNEUR,
pour voir la beauté du SEIGNEUR et pour admirer son temple.
5Car il me protégera dans sa hutte au jour du malheur, il me cachera au secret de sa tente ;
il m’élèvera sur un rocher.
6Maintenant ma tête s’élève au-dessus des ennemis qui m’entourent ;
j’offrirai des sacrifices dans sa tente, des sacrifices d’acclamation ;
je chanterai, je jouerai des psaumes pour le SEIGNEUR.
7SEIGNEUR, entends-moi, je t’invoque ; fais-moi grâce, réponds-moi !
8Pour toi mon cœur dit : Recherchez-moi ! Je te recherche, SEIGNEUR !
9Ne te détourne pas de moi, ne me repousse pas avec colère, moi, ton serviteur !
Tu es mon secours, ne me délaisse pas, ne m’abandonne pas, Dieu de mon salut !
10Car mon père et ma mère m’abandonnent, mais le SEIGNEUR me recueillera.
11SEIGNEUR, enseigne-moi ta voie,
conduis-moi dans le sentier de la droiture, à cause de mes détracteurs.
12Ne me livre pas au désir de mes adversaires, car de faux témoins se dressent contre moi, respirant la violence.
13Oh ! si je ne croyais pas voir la bonté du SEIGNEUR sur la terre des vivants !
14Mets ton espérance dans le SEIGNEUR ! Sois fort, que ton cœur soit courageux !
Mets ton espérance dans le SEIGNEUR !Psaume 27 (Nouvelle Traduction Segond; (c) Alliance biblique française)
Dans ce Psaume, il y a au moins deux temps. Les six premiers versets expriment la grande confiance de celui qui prie, son souhait de demeurer près du Seigneur. Le psalmiste, dans ce début de Psaume, semble ne rien craindre, ni « les mauvais qui s’approchent », ni ses adversaires et ennemis qui le menacent avec des troupes armées. Le Seigneur, habitant tour à tour dans une hutte, une tente, une maison, le Seigneur protège son fidèle en l’élevant sur un rocher, en le plaçant dans une forteresse. Il est intéressant d’ailleurs de remarquer la différence entre les habitations du Seigneur, qui sont marquées plutôt par la fragilité, en particulier la hutte et la tente, et le psalmiste, qui dit que grâce à Dieu il se trouve comme élevé sur un rocher, et il emploie aussi ce terme de forteresse.
La deuxième partie de ce Psaume a une tonalité différente, il s’agit davantage d’un appel au secours, comme nous en avons un certain nombre dans les Psaumes. Dans ces versets, les techniques ou les mécanismes sociaux qui peuvent nous donner un sentiment de stabilité ou de sécurité, ces mécanismes montrent leur insuffisance. Quand nous lisons « mon père et ma mère m’abandonnent, mais le Seigneur me recueillera », comprenons qu’au-delà des parents, ce sont toutes les sécurités humaines telles que nous les percevons qui peuvent faire défaut. Le psalmiste appelle ici au secours.
Quant au dernier verset, il ressemble à une parole d’envoi, une exhortation, peut-être comme à la fin d’un culte : « Mets ton espérance dans le Seigneur ! Sois fort, que ton cœur soit courageux ! »
En fait, nous pourrions avoir envie de changer l’ordre des parties de ce Psaume. Nous commencerions par les versets 7 à 13, avec la supplication adressée à Dieu, l’attente de voir la bonté de Dieu, de ressentir sa protection alors que le mal se fait pressant. Après cette supplication, cette prière serait entendue, exaucée, et nos cœurs diraient alors, avec les versets 1 à 6, notre reconnaissance et notre confiance renouvelées. Oui, encore une fois, Dieu est intervenu, Dieu est venu à notre secours, et nous nous réjouissons que nos peurs aient été détrompées. Nous garderions à la fin l’encouragement à garder l’espérance, ce verset 14.
Mais le Psaume, comme nos vies d’ailleurs, ne sont pas des romans à l’intrigue finement ciselée, ni des films ou des feuilletons dans lesquels chaque rebondissement a été réfléchi, calculé, chaque épisode a sa place. Nous devons prendre les événements comme ils se présentent. Le Psaume, par sa logique un peu étrange, nous rappelle que certains choix ne nous appartiennent pas.
En revanche, à l’image de l’auteur du Psaume, nous pouvons avoir des souhaits. Il est question de « rechercher ardemment une seule chose, demandée au Seigneur » : « habiter tous les jours de [sa] vie dans la maison du Seigneur », ce qui évoque évidemment un contexte cultuel. Un peu plus loin, nous lisons d’ailleurs : « j’offrirai des sacrifices, je chanterai, je jouerai des psaumes ». Aujourd’hui, grâce au Christ, les sacrifices n’ont plus d’utilité. Mais nous pouvons toujours chanter, lire des psaumes, prier… Oui, ce mouvement vers Dieu nous est toujours accessible. Il ne s’agit pas d’une fuite. Non, notre vie spirituelle ne nous emmène pas dans un espace à l’écart du danger, dans un monde différent, dans une autre dimension, dans une « réalité virtuelle ». Non, nous restons dans notre monde. Mais elle est une occasion de ressentir la présence fidèle et réconfortante de Dieu. C’est d’ailleurs l’une des affirmations importantes de ce Psaume : à la différence de nos moyens humains, la protection de Dieu est fiable. Cette protection ne nous épargne pas les épreuves ; elle consiste à nous rappeler que même dans les moments les plus difficiles, nous avons de la valeur aux yeux de Dieu, que même quand nous craignons de disparaître, la recherche du sentier ouvert par le Seigneur est profitable.
Frères et sœurs, après le terrorisme, après la pandémie, alors que les changements climatiques commencent à avoir des conséquences sérieuses, et alors que certains fondements de notre sécurité semblent menacés, tournons-nous encore vers le Seigneur. Il est toujours présent, il nous écoute, il nous aime, il veut que nous vivions. Alors nous aussi, mettons notre espérance en lui. Il nous sera aussi donné de proclamer au monde que nous n’avons pas peur, que nous avions confiance. Amen.
Prière d’intercession
Seigneur, Prince de la Paix, écoute notre prière.
Nous nous tournons vers toi alors qu’une guerre insensée ébranle notre continent.
Nous sommes bouleversés par l’invasion de l’Ukraine, pays souverain.
Les appels diplomatiques à la raison et au dialogue ont échoué.
Le mensonge et la violence semblent l’emporter.
Nous te prions tout d’abord pour celles et ceux qui sont victimes
non seulement de cette agression, mais aussi de toutes les dérives autoritaires et des atteintes aux droits fondamentaux de chaque peuple et de chaque créature.
Vois nos larmes. Entends les cris de détresse des hommes et des femmes meurtris, endeuillés, blessés, terrorisés.
Seigneur, prends pitié.
Nous te prions pour celles et ceux qui commettent cette violence.
Ramène les agresseurs à la raison, brise leur orgueil,
Change leurs cœurs pour qu’ils cessent de répandre la mort.
Inspire la sagesse à toutes celles et tous ceux qui exercent des responsabilités.
Seigneur, prends pitié.
Nous te prions enfin pour l’Europe et le monde.
Sur cette planète, nous sommes tous interdépendants,
et nous aspirons à la paix, à la liberté, à la dignité.
Renouvelle les forces de ceux qui œuvrent à l’amitié entre les peuples.
Suscite, y compris parmi nous, des ambassadeurs de la réconciliation.
Maintiens en nous l’esprit d’amour qui distingue en l’autre un frère, une sœur.
Seigneur, prends pitié.
Seigneur, toi qui as imposé le silence à la mer, fais que se taisent les armes.
Sème les prémices de Ton royaume sur les chemins de cette Terre,
Et avec tous les chrétiens à travers le monde, nous prions ensemble :
Notre Père…