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Le nombre des disciples augmentait de jour en jour
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Culte du dimanche 25 avril 2021
Prédication écrite par le pasteur Francis Meuret (25 avril 2005), sélectionnée et lue par Michelle Raynaud
Textes bibliques : 1 Jean 3, 1-2 ; Jean 3, 1-2 ; 2 Corinthiens 5,17 ; Actes des apôtres 6,7
Le texte qui, dans le livre des Actes traite de l’institution des diacres est encadré par la même affirmation : « Le nombre des disciples augmentait » et de telle façon qu’il avait bien fallu prendre des dispositions pour résoudre des problèmes de distribution et d’égalité et mettre quelque organisation dans cette communauté chrétienne qui vivait jusque là à la bonne franquette et sur le mode de l’improvisation.
En ce qui nous concerne, je me demande si nous ne sommes pas à l’inverse de cette première église des Actes. Nous sommes en effet une vieille église, bien organisée, sagement administrée. Nous avons des paroisses – des consistoires – des régions – des conseils presbytéraux – des régionaux, nationaux, avec leurs bureaux, leurs trésoriers, leurs présidents. Nous avons aussi un coutumier pour régler les litiges qui contient, je ne sais combien d’articles et de chapitres. Et toutes ces instances fonctionnent – tous ces conseils se réunissent. Il serait intéressant de totaliser le nombre d’heures passées et de km parcourus pour le fonctionnement de tout cet appareil administratif.
Je sais bien que parvenue à une certaine dimension, une société humaine, quelle que soit sa nature ne peut vivre et subsister sans un minimum d’organisation, sous peine de tomber dans le désordre et l’anarchie. L’église des Actes, la première, en avait fait l’expérience. Seulement, reconnaissons qu’elle l’avait fait sous la poussée des évènements et quelque peu débordée : « La parole de Dieu croissait et le nombre des disciples augmentait de jour en jour. » Même constatation juste après la Pentecôte : « Le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Église ceux qui étaient sauvés ! » Heureuse église que celle du livre des Actes, pleine de vitalité, dans toute la force de sa jeunesse qui après la mort et la résurrection de son Seigneur, se lance à l’assaut du monde de cette époque, sans complexes, forte de la puissance de l’évangile !
Et pourtant si nous nous reportons aux textes évangéliques, que de récits – combien d’épisodes – nous laissent entendre combien le ministère de Jésus, ministère solitaire de semailles fût difficile. Que de fois fût-il en butte à l’incompréhension – au rejet de ses contemporains. Il est vrai que, au début, en Galilée, sa parole attire les foules mais qui est-il réellement pour elles, qu’attendent-elles de lui ? Et plus on avance dans cette lecture, plus aussi, nous voyons que le vide se fait, si bien que Jésus pose un jour à ses disciples cette question : « Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller ? » et ceci jusqu’à la solitude totale de la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? » Il fallait que le grain meure pour pouvoir porter du fruit. C’est ensuite Pâques et la résurrection, mais nous sommes encore dans le clair-obscur, dans le secret, seuls quelques uns savent. Alors vient la Pentecôte – la puissance de l’Esprit qui transforme les disciples enfermés dans la chambre haute en apôtres enthousiastes. La Parole est libérée. Maintenant c’est parti, l’Église est née et elle part à la conquête du monde !
D’où la question que nous ne pouvons éluder, l’église à laquelle nous appartenons, cette église, comme nous l’avons dit, si bien structurée, si bien organisée a-t-elle encore gardé quelque chose de cette église première, pleine de force et de vitalité dont il est dit que le nombre des disciples augmentait de jour en jour ?… Il serait facile de faire un tableau morose et dépressif de nos églises historiques comme quelques uns les appellent, entendant par là des églises du passé et sans avenir. Il faut bien reconnaître hélas que cette critique n’est pas sans fondement et de l’autre côté nous entendons parler des évangéliques qui recrutent à tour de bras ; nous sommes jalousement impressionnés par les immenses foules catholiques qui se sont pressées à Rome pour la mort du pape et par l’espace médiatique qu’elles ont occupé.
Tout de même face à ce déferlement sachons qu’il n’est pas sûr que ces grands rassemblements populaires soient preuve de vérité et d’authenticité – quel est celui qui rassemble – qu’on vénère – un homme ou Jésus-Christ ? L’engouement des foules est toujours suspect ! Jésus ne refusait pas les foules de son temps mais il ne s’est jamais départi à leur égard d’une certaine prudence – voire d’une certaine méfiance. Il est même arrivé qu’il l’a fuie. Le petit nombre ne le désolait pas. « Ne crains point, petit troupeau, car il a plu à votre Père de vous donner le Royaume. »
Ces réserves faites, ne prenons pas inversement la diminution d’effectifs de nos communautés comme un signe d’authenticité de notre foi ! Revenons à notre texte initial des Actes : « La Parole de Dieu croissait et le nombre des disciples augmentait de jour en jour. » Ces hommes avaient un message et ils étaient absolument convaincus de sa force et de sa vérité : Jésus-Christ mort et ressuscité ! Un amour qui se donne jusqu’à la mort – une mort qui devient la victoire de la vie – tel est l’évangile qui libère et qui sauve.
Les hommes de notre temps ont tout autant besoin, sinon davantage, d’être sauvés que ceux des siècles passés. Le Nouvel Observateur vient de publier un numéro spécial sur les addictions – traduction moderne des servitudes, dont nos contemporains sont les victimes. Naturellement il n’est dit nulle part que l’évangile est puissance de libération. Nous chrétiens le savons-nous, le croyons-nous ? Non mes frères et sœurs, l’évangile n’est pas périmé, dépassé. Il demeure une insoupçonnable source de renouveau et de régénération.
Nous sommes dans le temps de Pentecôte, la fête du don de l’Esprit – cette Pentecôte qui a transformé les disciples apeurés en témoins forts et courageux du Ressuscité. Alors que cette Pentecôte que nous allons vivre ne soit pas seulement la commémoration d’un événement lointain mais une actualité concernant un don renouvelé. Un ruisseau qui crée la vie sur des rives desséchées, et qui fasse de nous – vieille église découragée et résignée – une communauté qui retrouve jeunesse et vitalité, qui ose par la parole et les actes, proclamer sa foi et son amour de son Seigneur ! Amen.