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Devenir saint, aimer son prochain
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Culte du dimanche 26 avril 2020
Prédication par le pasteur David Veldhuizen
Texte biblique : 1 Pierre 1,13-25
Chers amis,
Dimanche dernier, nous entrions dans cette première épître de Pierre, destinée à plusieurs communautés de croyants. Ces communautés regroupent des hommes et des femmes avec des parcours de foi différents, mais reconnaissant Jésus comme le Christ, envoyé par Dieu par amour pour l’humanité, mort et ressuscité. Aucun n’avait été témoin de ses apparitions, mais cela n’était pas un obstacle à leur foi. L’auteur cherche à les encourager alors qu’ils doivent faire face à des moqueries, au mépris, à l’exclusion ou même à des persécutions. Pierre a exprimé sa reconnaissance pour l’espérance donnée par la Résurrection du Christ, il a aussi rappelé que la vie nouvelle accordée en Christ est définitive, qu’elle est source et perspective de joie. Enfin, l’apôtre soulignait que le Premier Testament annonçait la Bonne Nouvelle, incarnée en Jésus. De nombreuses traces ont ainsi mené à l’événement de Pâques, cette nouvelle naissance que nous sommes appelés à notre tour à partager.
Aujourd’hui, l’auteur multiplie les impératifs. D’ailleurs, l’un d’entre eux manque dans la traduction que j’ai lu, au verset 13 ; « soyez sobres ». Cette recommandation s’ajoute à la vigilance tant dans l’action que dans la réflexion, à l’engagement complet de la foi, et plus globalement à l’obéissance à Dieu et à la recherche de la sainteté. Pierre cite une phrase qui est présente trois fois dans le livre du Lévitique : « Vous serez saints, car je suis saint ». Comment comprendre ces impératifs, ces ordres, alors qu’un peu plus loin, au verset 19, nous entendons que nous avons été délivrés par le sang du Christ ? Il y a en effet trois temps, cet « avant » pendant lequel la délivrance a été accordée, c’est-à-dire que nos prisons et nos déterminismes ont été dépassés et qu’une liberté inédite nous a été donnée. Il y a le « maintenant », celui pendant lequel nous pouvons affirmer, selon des modalités variables, « je crois », un « présent » de notre vie après la nouvelle naissance. Et il y a, plutôt qu’un « demain » ou un « après », un « encore à faire, à être ». C’est ce qui sera ouvert par notre façon d’obéir, de chercher Dieu, de devenir saints.
Attardons-nous d’ailleurs un peu sur le sujet. Sanctifier ou rendre saint, c’est mettre à part, pour protéger ce qui est le plus précieux, pour ne pas le mélanger avec ce qui peut être impur dans nos quotidiens et nos personnalités. Dans le Premier Testament, et aujourd’hui encore, c’est s’éloigner de toutes les idoles, celles du monde qui nous entoure comme la réussite financière, la réputation, l’illusion de notre puissance ou de notre influence, etc, mais aussi nos idoles intérieures, notre bonne image de nous-mêmes, c’est-à-dire, entre autres, notre volonté de maîtrise, notre orgueil et notre suffisance qui ne laissent pas de place à la grâce de Dieu. Être saint, enfin, c’est justement reconnaître notre manque et notre besoin de Dieu, c’est le chercher, en sachant à la fois qu’il est venu vers nous, qu’il se laisse trouver, mais aussi qu’il nous précède, toujours devant nous. Devenir saint, donc, n’est pas un commandement ou une condition pour que Dieu nous pardonne, car il l’a déjà fait. C’est plutôt une conséquence de ce geste d’amour, de ce cadeau qui nous a été offert.
Devenir saint, se détourner de nos idoles, chercher Dieu, mais aussi respecter ce qui a été payé pour nous… Autant d’expressions qui reviennent peut-être à une seule démarche, explicitée dans la troisième partie du texte que nous avons entendu. Dans ces versets 22 à 25, il est à nouveau question d’obéissance, et celle-ci est liée à l’amour fraternel que nous nous efforçons de faire vivre et de développer. Devenir saint, c’est aimer son prochain. Pierre précise « sans hypocrisie », « ardemment », « d’un cœur pur ». Or parmi nos prochains, il y en a que nous pouvons aimer ainsi sans efforts, et d’autres pour qui justement nous devrons nous laisser transformer pour que soit possible cet amour fraternel.
L’apôtre suggère d’ailleurs que de telles transformations sont déterminantes. Il utilise l’image de la semence, de l’herbe, de la fleur, une image tirée du prophète Esaïe (40,6-8) et qui nous fait aussi penser à des paroles prononcées par Jésus. En fait, ce sont de telles paroles qui sont comparées à des semences impérissables, c’est-à-dire qu’elles seront fécondes quelles que soient les circonstances. Et c’est avec de telles graines que nous pouvons nous transformer en plantes qui donneront des fruits, dont le premier, le plus important, le plus nourrissant, est bien l’amour fraternel.
Être saint, ce n’est donc pas vraiment comparable à l’obéissance ou à la sagesse que l’on peut attendre de nos enfants. Bien sûr, nous sommes les enfants de Dieu, mais ce qui nous est demandé relève davantage de la quête spirituelle articulée avec la rencontre bienveillante et aimante de l’autre. Ce n’est donc pas un comportement précis, déterminé à l’avance, mais plutôt une ouverture à l’inconnu, à l’inattendu, à l’imprévu. C’est une façon d’aborder la vie dans laquelle nous engageons pleinement notre foi, notre espérance, et l’amour que Dieu suscite en nous.
Alors oui, frères et sœurs, nous qui sommes renouvelés par la résurrection du Christ, nous qui devons aussi traverser certaines épreuves, laissons-nous transformer par la Bonne Nouvelle partagée et incarnée en Jésus. C’est comme une graine de grande qualité, comme une deuxième naissance, c’est le point de départ d’une pratique de l’amour du prochain. Cette pratique de l’amour fraternel résume la volonté de Dieu pour que nous le trouvions et que nous vivions, pleinement, en vérité et dans la joie, dès aujourd’hui et pour toujours. Nous serons saints, car il est saint. Amen.