Culte de l’Ensemble Dauphiné-Vivarais pour le jeudi de l’Ascension, 21 mai 2020
Prédication par la pasteure Nathalie Patonnier (en stage à la paroisse de Romans-sur-Isère)
Textes bibliques :
- Psaume 47,6
- Ephésiens 1,20-22
- Actes 1,1-2 et 9-11
- Matthieu 28,17 et 20
J’ai retenu plusieurs choses, plusieurs mots ou expressions :
- dans le Psaume : « il est monté Dieu »,
- dans la lettre aux Ephésiens : « réveillant d’entre les morts » où le mot réveillant est celui de la résurrection et puis « au-dessus de tout » répété deux fois,
- enfin dans le livre des Actes, « enlevé » et « élevé ».
Un point commun à trois textes, c’est ce mouvement de bas en haut, de « ici-bas » à « là-haut », le mouvement de l’ascension.
C’est à partir de l’enlèvement « du milieu de vous au ciel » que les chrétiens ont investi, à la suite de la tradition hébraïque, la notion d’ascension. D’autres que le Jésus Christ des chrétiens ont bénéficié d’une ascension (le prophète Elie en 2Rois 2, le patriarche Hénoch, le scribe Esdras et le zélé Pinhas dans la littérature apocalyptique juive).
L’ascension mène aux « lieux célestes » ou « au ciel ». Le ciel est un lieu inhabitable pour les humains ; c’est un lieu inaccessible, même aujourd’hui avec toutes les aides des techniques modernes, les avions et les ballons ne font qu’y passer et les grattes-ciels restent des étages horizontaux empilés les uns sur les autres où un sol artificiel permet aux humains et à quelques animaux de compagnie de se payer l’illusion d’être dans le ciel.
Le ciel n’est pas un lieu vivable, même pour les animaux volants ; les oiseaux ou les coléoptères ont besoin du sol pour se poser, au moins d’un arbre enraciné dans le sol pour faire un nid, un lieu fixé sur la terre pour accéder à de la nourriture ou à un abri.
Il me vient une question : pourquoi Dieu est-il placé géographiquement dans le ciel, dans les cieux ? Cet éloignement symbolique marque bien sûr la séparation, la différence entre l’humanité et la divinité ; cette distance est protectrice dans un sens, elle protège l’humain d’une trop grande proximité avec Dieu, n’oublions pas que « nul ne peut voir Dieu face à face sans mourir », que Moïse lui-même a été protégé par la main de Dieu quand son souffle l’a effleuré.
Cette idée de l’éloignement spatial protège aussi de la tendance très humaine à se prendre pour Dieu ; s’il est « là-haut » et moi « ici-bas », je comprends bien que je ne suis pas « à l’égal de Dieu » ; alors l’ascension du Christ est un symbole de sa propre égalité avec Dieu, de sa propre vraie divinité.
Mais placer Dieu si loin de moi, c’est aussi un chemin facile pour me détourner de sa présence sur la terre, pour éviter de prendre ma part dans les relations entre les personnes ici, maintenant. En affirmant la séparation d’avec Dieu, l’humain affirme sa plus grande faute, et se complaire dans cette séparation, dans cette distance, c’est oublier que Lui se rend proche, que Lui se rend présent, par grâce, par amour.
J’en viens maintenant à l’évangile de Matthieu dont j’ai retenu seulement deux versets, qui ne parlent ni d’élévation, ni de ciel.
Quand ils le virent ils se prosternèrent, mais quelques-uns eurent des doutes. […] et enseignez-leur à garder tout ce que je vous ai commandé. Quant à moi, avec vous je suis, jusqu’à la fin du monde.
Matthieu 28, versets 17 et 20
Il y a dans ce texte un détail intéressant « quelques-uns eurent des doutes»… même ceux qui ont rencontré le Christ dans leur vie, à qui il a exprimé sa confiance, n’ont pas été exempts de doute. Le doute est du côté de l’humanité, de ses difficultés et aussi de ses capacités à entrer en questionnement, à remettre en question, à rechercher la vérité ; le
doute n’est pas plus mauvais par définition, que la certitude n’est bonne, si le doute aide à entrer en relation, à prendre le temps non seulement d’écouter la Parole, mais de l’entendre pour ce qu’elle dit de ma vie donnée par le créateur, pour ce qu’elle dit de la foi qu’Il place dans mon âme, et de la certitude de ce futur « il viendra » sans aucune certitude ni du jour ni de l’heure.
Je vous invite à savourer l’affirmation de la présence « avec vous je suis »… l’affirmation de la présence et de la proximité de celui qui est « au-dessus » comme chef, autorité, Seigneur, Dieu-Fils et qui est aussi notre frère, qui nous fait sœurs et frères en lui et par lui, enfants du même Père, vivants du même Esprit.