Prédication
Est-il vraiment nécessaire de se demander qui est Jésus ?
– Voici 2000 ans que l’Eglise proclame le nom de son fondateur -– Voici 2000 ans que les théologiens de tous bords essaient de cerner la personnalité et l’œuvre de Jésus. TOUT n’a-t-il pas déjà été dit à ce sujet ?
– A quoi bon s’attarder sur cette interrogation ? – D’autant plus que pour beaucoup de nos contemporains peu importe ce que l’on peut dire au sujet de Jésus, l’essentiel est qu’Il soit là pour accueillir nos requêtes, pour nous consoler dans nos peines, pour nous guérir dans nos infirmités….Bref…ce qui compte ce n’est pas de savoir qui est Jésus mais de trouver auprès de Lui, l’aide et le secours que nous réclamons – Pourvu qu’Il réponde à nos besoins et à nos désirs, c’est suffisant !
– Ainsi Jésus apparaît souvent comme un produit de consommation que malheureusement l’Eglise présente comme tel.
– Un produit qui doit donner satisfaction à tous les coups, si l’on connaît bien le mode d’emploi — !
– Mais il y aussi ceux et ils sont certainement les plus nombreux aujourd’hui, pour qui le nom de Jésus n’évoque plus rien et ne répond à aucune nécessité — A peine associe-t-on son nom aux histoires touchantes et naïves du petit Jésus dans la crèche de Noël.
– Et puis soyons francs, en cette période du mois d’août, nous avons autre chose à faire et à penser qu’à nous demander qui est Jésus — Bientôt le retour des vacances = il y a à préparer la rentrée scolaire – les loisirs du mercredi et des weekends etc. etc.
– Ce pasteur dont la signature était illible a presque honte de poser sa petite question comme s’il s’agissait d’un sondage d’opinion : « d’après vous, qui est Jésus ? »
– Et pourtant cette question est essentielle, c’est Jésus lui-même qui la pose à son entourage et depuis 2000 ans — les chrétiens n’ont jamais cessé de se la poser et de la poser aux hommes.
– Oui, qui est Jésus pour nous ? Qui est Jésus pour d’autres ?—
– La réponse a été donnée par l’apôtre Pierre lorsque ce dernier s’écria : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant ».
– Efforçons-nous donc de bien comprendre le sens de ces paroles : C’est d’autant plus important que Jésus les a approuvées. Le texte dit même que Pierre n’a pas trouvé cette vérité tout seul, elle lui a été révélée par le Père céleste. Ainsi tout concourt à faire de cette confession de foi le fondement, l’unique fondement sur lequel l’Eglise a été édifiée.
– L’Eglise est ce peuple de croyants rassemblés Non autour d’un chef religieux, Non dans une institution ecclésiastique, mais dans la proclamation de cette bonne nouvelle ; « Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant ». –
Et en confessant sa foi de la sorte, l’Eglise de la nouvelle alliance se situe effectivement dans la suite de ce que confessaient déjà les croyants de l’ancienne alliance – Parce qu’il ne faut pas oublier, la parole de Pierre s’inscrit dans l’espérance et dans l’expérience de l’Israël de Dieu, d’un Dieu vivant parce qu’Il intervient dans l’histoire de son peuple et par là même dans l’histoire des hommes.
– Attardons-nous quelques instants sur cet aspect de la foi chrétienne. –
– Il est en effet indispensable de comprendre que la révélation biblique est faite dans le temps et dans l’histoire. – Il y a un commencement et une fin. – non un commencement qui serait le fruit du hasard, non une fin qui serait due à une erreur absurde de l’homme, mais il y a un commencement dû à l’acte créateur de Dieu et il y a une fin, il y aura un aboutissement conforme à la volonté de Dieu. – Cette histoire a un sens, une direction, une finalité. – du commencement à la fin, il se passe quelque chose qui débouche sur un accomplissement.
– Cette histoire est précisément celle de la révolte de l’homme, de l’homme qui affirme la prétention de vivre sans Dieu, loin de Dieu.
– Et parce qu’elle est rupture avec Dieu, elle est aussi le lien où se manifestent toutes les séparations des hommes entre eux.
– La violence, la haine, l’injustice, la mort ne sont que les fruits de cette révolte où l’homme se prend pour un dieu, capable de se suffire et de bâtir de nouvelles tours de Babel, de soi-disant, radieuses cités.
– Quelle tragique méprise de croire qu’avec de la générosité, l’homme arrivera à sortir de sa condition. – Ne voit-on pas les plus beaux discours sur la justice – sur la vérité – sur la fraternité se transformer presque aussitôt en d’autres asservissements, d’autres aliénations, d’autres mortelles malédictions.
– Notre histoire reconnaissons-le est ce temps des affrontements et le moindre pas en avant nous fait côtoyer de nouveaux abîmes.
– Cette histoire est aussi celle de l’action salutaire de Dieu. – Ce dessein de Dieu qui ne peut-être que l’expression d’une volonté d’amour pour celui qui a été créé à l’image et selon la ressemblance de son Seigneur.
– C’est pourquoi dans l’Anc. Testament, l’expression « Le Dieu vivant », désigne Celui qui intervient au sein de son peuple pour lui faire entendre une Parole — Prenons par exemple ce qui se passe dans le désert du Sinaï = le livre du Deutéronome nous dit que « Dieu est vivant » lorsqu’Il parle dans la nuée de feu pour dicter sa loi, pour montrer à son peuple le chemin de la vie. – autre exemple encore, selon le prophète Jérémie, « Dieu est vivant » lorsqu’Il juge son peuple et lui envoie l’épreuve de l’exil. – Ainsi Dieu parle – Dieu agit – et c’est dans un même mouvement qu’Il juge et qu’Il sauve – qu’Il reprend et qu’Il gracie. – C’est vraiment comme une épée à deux tranchants !
– Si donc Jésus est le Christ, le Fils du Dieu Vivant, ce ne peut-être que dans la continuité de toutes les révélations qui ont eu lieu auparavant. – Les contemporains de Jésus ne se sont d’ailleurs pas trompés.
– Sans doute ont-ils été émerveillés et attirés par sa personnalité exceptionnelle, mais l’autorité de Sa Parole et la puissance de ses miracles leur ont fait discerner en Jésus, quelqu’un d’autre qu’un simple rabbin, même surdoué. – La plupart ont eu la conviction que, conformément aux écrits apocalyptiques qui circulaient parmi eux, « Jésus leur était envoyé pour signifier la fin des temps, la fin de l’histoire.
– Toutefois la déclaration de Pierre va beaucoup plus loin. – « Jésus n’est ni Jean-Baptiste, ni Elie, ni Jérémie ». Il est le Christ, le Fils du Dieu vivant. – Il est Celui en qui et par qui Dieu se rend présent au monde.
– Celui qui vient pour le jugement dernier et pour le salut définitivement accompli auquel il n’y a plus rien à ajouter !
– Dès lors Jésus commence à expliquer ce qui va se passer. – Il va à Jérusalem pour souffrir, pour être mis à mort et pour ressusciter le 3ème jour.
– L’évangile de Matthieu ainsi que ceux de Marc et de Luc insistent précisément sur le lien qui existe entre la confession de foi de Pierre et l’annonce que Jésus fait de sa Passion.
– « Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant » parce qu’Il accomplit le jugement et le salut, ce jugement et ce salut s’accomplissent dans Sa mort et Sa résurrection — Lui Seul peut mourir et ressusciter pour le jugement et le salut des hommes.
– Ainsi en christ, Dieu intervient souverainement selon son dessein d’amour au centre de l’histoire des hommes se dresse la figure de Christ !
– Mais finalement en quoi sommes-nous personnellement concernés par cet évangile ? – Nous le sommes de deux manières !
– D’abord parce que nous sommes participants de l’histoire des hommes. – Il n’est pas possible de se mettre en dehors – CHACUN partage les luttes – les espoirs – mais aussi les échecs et les souffrances des hommes de son temps.
– CHACUN subit Directement ou indirectement les effets de la violence, des guerres, des injustices, des égoïsmes – Celui qui, poussé par l’Esprit, confesse que Jésus est le Christ, découvre en même temps que ce monde n’est livré, ni à l’absurdité, ni à l’abandon. Dieu règne, et en Christ Il pose le fondement d’un jugement et d’un salut définitif.
– Celui qui croit que Jésus est le Fils du Dieu vivant, sait que cette histoire débouche non sur l’anéantissement mais sur l’instauration de la cité nouvelle — Ainsi le chrétien participe à l’histoire de son temps sans désespoir et sans illusion, sans jamais s’aliéner, sans jamais être asservi par une idéologie ou une philosophie quelconque.
– Et puis cet évangile me concerne aussi parce qu’il touche ma propre histoire. – Je suis, moi aussi, – pécheur – révolté – incrédule. – Je suis moi aussi dans la solitude et je marche vers ma propre mort.
– Dire et croire que Jésus est le Christ, c’est découvrir que Jésus, par Sa mort et par Sa résurrection, me juge et me sauve. Dès cet instant me voici, moi aussi, introduit dans une nouvelle relation avec mon Créateur et avec le Seigneur de ma vie.
– Entre mon commencement et ma fin, entre ma naissance et ma mort, ma rencontre avec « Jésus, le Fils du Dieu vivant » devient l’événement central de mon existence. – Je suis encore pécheur – seul et rebelle – mais je ne suis ni découragé – ni asservi au mal qui m’assaille – Depuis ma rencontre avec Jésus, la vie nouvelle a commencé.
– Quelque soit notre situation – notre préoccupation présente – notre joie ou notre peine, si aujourd’hui nous pouvons avec Pierre et avec tous les chrétiens confesser notre foi en Jésus, le Christ — sachons que nous sommes sur un terrain solide — Rien ne peut l’ébranler, même pas les portes du séjour des morts. – Avec Jésus, nous avons la clé qui ouvre la porte des cieux— Ne la perdons pas en cours de route.
Amen