Les auteurs de la Bible, hier, et pour nous encore ce matin, redisent cette promesse de Dieu, celui qu’on appelle l’Eternel : « Je fais toutes choses nouvelles ».
Pourtant, ni pour vous ni pour moi, il ne s’agit de croire qu’un miracle va survenir. Dieu, maître dans l’art d’aimer et de redonner vie, n’en a pas moins besoin des hommes, de leur foi et de leurs mains, comme ici des quatre amis de l’homme malade. Car, au fond, voyant qu’ils ne pouvaient entrer, faute de place, dans la maison où se trouvait Jésus, ils auraient très bien pu déposer simplement leur fardeau devant la porte, et puis s’en aller sans s’encombrer. Le paralysé, lui, était-il demandeur de quoi que ce soit ? Peut-être pas. Passif ? Non. Résigné ? Plutôt. Timide ? Un peu ; il partira sans dire merci.
A nous de savoir ressembler à ces quatre hommes dont la foi a ouvert le toit. A nous d’inventer, et d’abord pour autrui, ce qui d’un passé mort fera toutes choses nouvelles. Comme pour le malade que ses amis font passer par le toit pour qu’il ait une chance d’être rencontré par Jésus, pour vous, comme pour moi, il faudra peut-être un « passeur ». Et si, en étant passeur de toitures, de fermetures pour les autres, tu devenais « passeur » de toi-même ?… En échappant ainsi à la banalité de ta vie quotidienne, tu pourrais déboucher sur un ailleurs que tu n’attendais pas.
Car enfin, cette toiture qui, au départ, semblait être une protection, n’était-ce pas aussi, et peut-être surtout, une fermeture ? Fermeture aux autres, enfermement par les autres : toutes ces fermetures qui emmurent les êtres, sans voix, isolés dans leur douleur ou leur exil. Isolement et résignation car, faute d’espérance, il nous arrive parfois de nous replier sur nos malheurs. Repli de la fatalité, repli de nos égoïsmes aussi sur les malheurs des autres.
A vous comme à moi, comme au paralytique, il faudra peut-être un « passeur ». Un « passeur » de toit, ou un… « passeur » de foi. Ce ne sera peut-être pas Jésus lui-même, parce que sans doute ni toi ni moi ne savons vraiment comment lui parler, ni comment nous faire entendre de lui : eh bien, ce sera alors par un ami de Jésus, un messager, un de ces anges sans ailes qu’il envoie auprès de nous et qui nous fait traverser les toits et les murs, les barrières du désespoir et les grilles de l’ombre du soir.
Cet ange-là, si nous ne l’avons pas encore rencontré, ne craignons pas, il viendra, et s’il tardait à venir, eh bien, devenons celui-là, ce passeur de toit, cette luciole de joie, cet ami, et pour tous ceux qui s’attendent à nous !