Méditation et photos du 14 janvier

Méditation du pasteur de l'église évangélique libre d'Annonay, Jacques Peterschmitt. Liturgie Michelle Raynaud Texte : Jean 1 versets 35 à 44

1.35 Le lendemain, Jean était encore là, avec deux de ses disciples ;
1.36 et, ayant regardé Jésus qui passait, il dit : Voilà l’Agneau de Dieu.
1.37 Les deux disciples l’entendirent prononcer ces paroles, et ils suivirent Jésus.
1.38 Jésus se retourna, et voyant qu’ils le suivaient, il leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Rabbi (ce qui signifie Maître), où demeures-tu ?
1.39 Venez, leur dit-il, et voyez. Ils allèrent, et ils virent où il demeurait ; et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était environ la dixième heure.
1.40 André, frère de Simon Pierre, était l’un des deux qui avaient entendu les paroles de Jean, et qui avaient suivi Jésus.
1.41 Ce fut lui qui rencontra (trouva) le premier son frère Simon, et il lui dit : Nous avons trouvé le Messie (ce qui signifie Christ).
1.42 Et il le conduisit vers Jésus. Jésus, l’ayant regardé, dit : Tu es Simon, fils de Jonas ; tu seras appelé Céphas (ce qui signifie Pierre).
1.43 Le lendemain, Jésus voulut se rendre en Galilée, et il rencontra Philippe. Il lui dit : Suis-moi.
1.44 Philippe était de Bethsaïda, de la ville d’André et de Pierre.

Parole du Seigneur.

Autant le texte des mages nous a montré comment tout humain rencontre Jésus, autant le texte d’aujourd’hui nous montre comment l’humain devient disciple de Jésus.

Et devenir un disciple de Jésus commence toujours par une rencontre avec Jésus en face à face. C’est ce que nous montre le texte que nous venons de lire. Dans ce texte, 3 personnes deviennent disciples de Jésus. Les 2 disciples de Jean dont un s’appelle André (que je compte pour une seule personne), Simon, le frère d’André et Philippe. Ces 3 personnes ont chacune rencontrée Jésus en face à face d’une manière différente.

Pour les 2 disciples de Jean, cette rencontre se fait par une parole qu’ils entendent. Cette parole est celle de Jean Baptiste disant de Jésus qui passait : « Voici l’Agneau de Dieu. » Entendant ces paroles, ces 2 disciples se mettent à suivre Jésus.

En fait, ces 2 disciples rencontrent Jésus parce qu’ils ont une « oreille » ouverte. Cette oreille a suscité chez eux le désir de Jésus.
Pour Simon, cette rencontre avec Jésus se fait grâce à son frère André qui le prend et l’amène presque de force devant Jésus.
Avec Simon, la parole d’André qui lui dit : « nous avons trouvé le Messie » n’a pas d’effet sur lui.
André est obligé de prendre son frère par le bras et de le mettre devant Jésus.

Si André fait ainsi, c’est que Simon est un sceptique, un dur d’oreille ; il en fait souvent qu’à sa tête. La suite de l’évangile va nous le confirmer.
Avec Simon, Jésus va devoir travailler jusqu’à la fin.
Après la résurrection, au bord de la mer, Jésus va encore demander à Simon : « M’aimes-tu ? » Simon est un dur. Mais grâce à André, il rencontre Jésus.

Enfin, pour Philippe, cette rencontre avec Jésus se fait par Jésus lui-même qui vient le trouver.
Il ne sera pas le dernier, Jésus rencontrera d’autres gens de sa propre initiative, de sont vivants sur terre bien sûr, mais aussi après son Ascension.
On pense à Paul sur le chemin de Damas, mais aussi à Luther sous son arbre pendant une tempête et d’autres encore.

Ce récit nous rapporte donc 3 manières de rencontrer Jésus en face à face.
Et on pourrait dire que ces 3 manières résument très bien comment l’humain en général rencontre Jésus en face à face avant de devenir son disciple.

Il y a bien une 4e rencontre que nous n’avons pas lue dans la suite du texte. C’est la rencontre de Nathanaël avec Jésus. Mais cette rencontre n’est pas vraiment une nouvelle manière de rencontrer Jésus ; c’est une variante de la rencontre de Simon avec Jésus.

C’est sûr, devenir un disciple de Jésus demande d’abord de rencontrer Jésus face à face mais cela ne suffit pas. Regardons ce qui se passe une fois que l’humain a rencontré Jésus, volontairement ou plus ou moins contraint.

Pour ceux qui se retrouvent à suivre Jésus pour avoir entendu une parole, Jésus se retourne et leur demande : « Que cherchez-vous ? » C’est le cas des 2 disciples de Jean. Pour tous ces humains qui ont de l’oreille et qui trouvent que « Jésus », ça sonne bien, Jésus s’adresse à eux en leur demandant : « Vers quoi courrez-vous, en me suivant ? »
En fait, Jésus interroge le désir de ces personnes-là à se retrouver derrière Lui. Jésus interroge leur désir car il sait bien que tous les désirs ne permettent pas de devenir un disciple de jésus.
Dans notre texte, le désir qui va faire que ces 2 hommes deviennent des disciples va être leur désir de demeurer auprès de Jésus, va être leur désir d’être en sa présence. On sait bien qu’on peut avoir bien d’autres désirs pour suivre Jésus. Le plus connu est le désir de connaitre Jésus intellectuellement car c’est un personnage hors du commun, comme il y en a eu d’autres dans l’histoire. Quand on suit jésus de cette manière, ce n’est que pour les valeurs qu’il représente qu’on le suit. A aucun moment, on ne suit Jésus pour demeurer avec lui, pour partager avec lui ses états d’âme comme on le fait avec les gens qu’on aime.

Ce matin, Jésus s’adresse à nous. Il nous demande, à nous qui avons entendu l’appel et qui sommes venus au culte : « Que cherchez-vous ? »
Sommes-nous venu pour demeurer avec Jésus comme l’ont fait les 2 disciples de Jean ou simplement parce que Jésus est quand même un personnage intéressant ???

Voilà donc pour les 2 disciples de Jean. Ils doivent répondre à la question : « Que cherchez-vous ? »

Regardons maintenant ce que fait Jésus avec ceux qui se retrouvent devant lui amenés par d’autres, plus ou moins de force. C’est le cas de Simon amené par son frère André. La première chose qui surprend est que Jésus ne pose pas de question comme il le fait avec André et l’autre disciple. Jésus le regarde. v42 : Jésus, l’ayant regardé, dit…
En fait, on peut dire que Simon devient un disciple de Jésus car il accepte de se laisser regarder par Jésus. Le regard de jésus sur lui le libère, le guérit. C’est cette guérison qui lui permet de devenir un disciple.
Et pour le guérir, pour le libérer, Jésus lui donne un autre nom : « Tu es Simon, fils de Jonas ; tu seras appelé Céphas (ce qui signifie Pierre). »

Le problème de Simon, que Jésus voit quand il se présente à lui, est qu’il est resté le fils de son père. « Tu es Simon, fils de Jonas » lui dit-il. Voilà son problème. Son problème est qu’étant le fils de son père, Simon n’existe pas par lui-même. Il n’existe que parce qu’il est le « fils de. » Simon n’est pas le premier à pâtir de ce problème ; « être le fils de » pose des problèmes à beaucoup d’humain. Le problème d’être « le fils de » ou de le refuser d’ailleurs nous empêche toujours d’être soi. Tout humain a besoin de se libérer de son père (de ses parents), de cette filiation initiale qui l’a fait advenir au monde. Certain y arrive par eux-même (c’est le cas d’André), d’autres ont besoin d’aide comme Simon.
Et Jésus l’aide effectivement en le regardant et en lui donnant un autre nom : Pierre.

En l’appelant Pierre, Jésus dote Simon d’une autre origine, d’un autre Père. Equipé de cette nouvelle origine, Simon pourra devenir pleinement lui-même en devenant un disciple de Jésus. Voilà donc pour Simon, le sceptique.

Pour ce qui est de Philippe que Jésus vient trouver lui-même, Jésus donne un ordre, celui de le suivre. « Suis-moi » lui dit-il et c’est tout. Pas de question, pas de regard, un simple ordre et Philippe devient disciple.

Voilà certainement rassemblé dans ce texte les 3 manières que Jésus utilise pour faire de tous les humains des disciples. Cela dépend de la manière dont on s’est retrouvé face à face avec Jésus : soit parce qu’on a entendu, soit parce qu’on y a été contraint, soit parce qu’on a été trouvé par Jésus lui-même.

Alors oui, ce texte nous enseigne comment l’humain devient disciple de Jésus mais il nous dit encore autre chose. Ce texte nous dit quelque chose sur la fratrie. Car, cela ne vous a pas échappé, André, qui est le disciple de Jean, est aussi le frère de Simon. En fait, la première personne à laquelle André témoigne de son expérience avec Jésus est à son frère Simon.

Au premier trimestre de cette année scolaire, lors de notre cycle de partages de la parole par Zoom, nous nous sommes intéressés à 2 fratries emblématiques de l’Ancien Testament qui se sont séparées à cause de Dieu : Cain et Abel puis Jacob et Esaü. Dans les 2 cas, les fratries se sont séparées car Dieu a fait un choix entre les frères. Dieu a agréé l’offrande d’Abel et pas celle de Cain. Dieu a choisi Jacob pour former son peuple alors que cela aurait dû revenir à Esaü car il était l’aîné. Dans le cas de ces 2 fratries, Dieu choisit un frère au détriment de l’autre.

Avec Jésus, Dieu ne choisit plus entre les frères ; quand André amène son frère devant Jésus, Jésus ne le rejette pas parce qu’il est dur d’oreille. Il le regarde pour le guérir. Bien plus, il deviendra la pierre sur laquelle Jésus construira son église.

Pour nous, cela est très encourageant car cela nous montre que la venue de Jésus sur terre va permettre à Dieu d’accueillir dans son royaume tout le monde sans distinction. Quand je dis tout le monde, je veux dire tous les types de personnalités. Celles qui ont des oreilles déjà ouvertes comme Abel, Jacob et André ; et celles qui ont les oreilles fermées comme Cain, Esaü et Simon qui sont aussi des actifs et des entrepreneurs.
Dans l’ancien Testament, Dieu a choisi. Jésus, lui, ne choisit pas. Jésus ouvre ses bras d’amour à tous. Ce que fait Jésus là est majeur pour nous.

Vous le voyez, Jésus vient à peine de commencer son ministère que Jésus étonne déjà.
En appelant 2 frères à devenir ses disciples, Jésus commence déjà à agir d’une manière inattendue.
La question qui se pose alors : Jésus est-il le Messie attendu des Juifs ?
Vous aurez remarqué que par 3 fois dans ce texte, l’auteur de l’évangile se permet de donner un autre mot à la place des 3 mots utilisés par les personnages du texte.
Ces 3 mots sont Rabbi, Messie et Cephas. L’auteur de l’évangile se permet de donner un autre mot à chacun de ces 3 mots (un synonyme).
Maitre pour Rabbi, Christ pour Messie, et Pierre pour Cephas.
Il ne faudrait pas prendre cette initiative de l’auteur comme une traduction pure et simple.
Car tous ces mots sont en grec dans le texte : Rabbi, Messie et Cephas.

Le problème de ces mots d’origines hébraïques, c’est qu’ils sont déjà trop remplis de sens. En particulier le mot de Messie. Tous les juifs avaient une idée très précise du messie qu’ils attendaient et qu’ils attendent toujours d’ailleurs.

Le problème est que Jésus ne va pas du tout correspondre à cette idée. En faisant ce changement de mots, l’auteur de l’évangile veut alerter le lecteur que Jésus n’est pas prévisible, même s’il a été annoncé. L’humain ne connaitra le Christ que par la proximité qu’il aura avec lui, par l’effet que ses paroles auront sur lui.

En demeurant avec Jésus tout une journée, André n’a pas rencontré le Messie, bien connu des juifs, il a commencé à faire la connaissance du Christ. Et c’est ce que l’auteur de l’évangile veut nous signifier. Pour nous, au 21e siècle, c’est toujours vrai malgré tout ce qu’on a déjà dit du Christ à travers l’histoire. Le Christ ne se connaitra vraiment que dans une proximité, que dans une expérience. Le Christ ne se met pas dans une boîte mais s’offre dans une relation.
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Que le Seigneur nous préserve de savoir trop de choses sur le Christ.
Que le Seigneur, par contre, augmente notre désir de demeurer en lui et en sa parole pour connaitre la vérité qui nous libèrera.
Au Seigneur, la gloire.
Amen

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