Trois récits où le don est au centre
Trois manières de donner !
1 – les savants venus d’Orient viennent « adorer le roi des Juifs » – ce terme de « roi des Juifs, sera la dernière parole de Pilate : voulez-vous que je libère le « roi des Juifs » ?
Les mages se prosternent et adorent Jésus puis offrent les dons, les cadeaux qu’ils ont apportés pour le roi des Juifs : de l’or (le roi), l’encens (le prophète) et la myrrhe (le prêtre). Ils honorent Jésus.
L’adoration précède l’offrande, c’est dire que l’offrande concrétise la louange et l’adoration, elle honore celui à qui nous offrons notre louange.
Ces hommes, non juif, ont reçu la conviction qu’ils devaient aller adorer en Israël le « roi des Juifs »
2 – Marie, celle qui avait osé prendre la place aux pieds de Jésus au lieu de servir, fait à Jésus une offrande très particulière : elle casse sa tire lire, prend tout ce qu’elle possède et achète un parfum de très grand prix (la valeur d’une année de travail soit un minimum de 24 000 € !) : rien n’est assez grand pour Jésus !
Son offrande prend la forme du travail d’une esclave : celui de laver les pieds des maîtres et de les essuyer avec ses cheveux (certains textes profanes racontant la vie de l’époque dit que les esclaves séchaient avec leurs cheveux).
Elle se met tout entière dans ce don, elle se donne elle-même
Elle offre un don qui sera perdu ensuite : pas de souvenir à revoir, à relire, à garder précieusement dans un coin : le parfum embaume puis s’évapore. C’est le propre du don gratuit, d’ailleurs Jésus n’aurait pas gardé un objet ! il n’avait pas de lieu à lui (où reposer sa tête)
Je me demande, avec tout ce qui est pris en photo sur un portable aujourd’hui, si l’on ne perd pas l’essentiel en voulant conserver à tout prix une trace !
Judas est trésorier des disciples mais il vole dans la caisse (rien à voir avec Pierre) il est dans le calcul et non dans la grâce, il parle « gaspillage là où il est question de cadeau
Jésus le remet à sa place et donne un sens à cette offrande : elle m’embaume aujourd’hui parce que les femmes ne pourront le faire après ma mort car je serai ressuscité !!
Ainsi notre don a un sens prophétique : car nous savons bien que ce n’est pas la somme que nous déposons chaque dimanche ou chaque mois qui fera vivre l’Eglise mais qu’il faut l’intervention de Dieu pour le faire fructifier. Parfois, Dieu met au cœur de tel ou tel de faire un legs, il donne la sagesse aux responsables d’Eglise pour vendre un bien qui n’est plus d’actualité, il permet qu’une Eglise vienne en solidarité à notre faiblesse, et Dieu a bien d’autre moyens, mais pour cela il désire que nous nous mettions tout entier dans notre don.
3 – Et puis voilà Jésus dans le temple, c’est une des dernières fois avant sa mort et il observe la foule, la Pâque approche et c’est l’effervescence. Les gens sont montés à Jérusalem et il est dans le rite que l’on ait apporté son offrande dans le tronc avec une prière « au Dieu maître des biens et des richesses » avant le grand shabbat de Pâques.
Jésus observe les agissements des pharisiens, des riches et d’une veuve
Les pharisiens s’habillent avec de longues franges, ils agissent pour être vus et considérés. Ils prient longuement, c’est tout du paraitre, ils ont leur récompense : les honneurs, Dieu ne leur en donnera pas au ciel.
Jésus dit qu’ils dévorent la maison des veuves car ils ont fait des paroles de Dieu des lois exigeantes qui pèsent sur les juifs de l’époque et particulièrement sur les veuves.
Veuves en Israël du temps de Jésus veut dire « sans revenus » car c’est l’homme qui gagne l’argent, la femme travaille au foyer. Une fois veuves, elles sont à la charge de la famille qui souvent les néglige. Mais les pharisiens exige qu’elles payent la dîme du peu qu’elles ont ! Comme le dit Jésus, le shabbat est fait pour l’homme et non l’inverse, de même la dîme est faite pour donner à l’homme une échelle de grandeur mais pas pour l’obliger à la donner !
Les riches donnent de leur superflu et de façon ostentatoire
La veuve : c’est certainement le geste le plus inaperçu de tous les temps !
Jésus par deux fois précise qu’elle est pauvre. Elle glisse discrètement dans le tronc 2 des plus petites pièces de monnaies le lepte qui veut dire la balle, cette enveloppe du grain de blé qui s’envole au vent lorsque qu’il est vanné. Autrement dire : 2 fois rien ! 2 centimes d’€

→ quand dans la collecte, vous trouvez, vous qui la comptez des centimes, ne vous fâchez pas, il y a parmi nous de personnes sans revenu ou en difficulté financière (ce qui est souvent le cas, de nos jours, de celles et ceux qui perdent leur conjoint, l’Etat met 6 mois à mettre en route la pension de réversion du conjoint décédé et pendant ce laps de temps, il faut se serrer la ceinture, c’est mon expérience) pour qui ces centimes ont de l’importance !
Aujourd’hui nous ne ferons pas de collecte !! Pourtant….! Oui, nous donnerons mais ce sera une offrande car nous ne collecterons pas votre don, vous serez appelés à aller le déposer sur la table sainte, comme du temps de Jésus. Mais nous en reparlerons tout à l’heure.
Le texte mot à mot du verset 4 dit : « elle a jeté dans le Trésor (le tronc) son manque, tout ce qu’elle avait pour vivre » Elle qui manque de tout donne tout ! Après cela, elle dépend de Dieu seul ! à l’instar de Jésus lui-même.
Jésus voit ce qu’il est important de voir et il en tire trois enseignements pour ses disciples donc pour nous :
→ Une échelle de valeur inhabituelle : ce sont les 2 centimes qui valent plus que toute la richesse des riches car Dieu regarde au cœur, à l’intention, au désir profond.
Roger Letourneau est un ouvrier agricole puis il devient apprenti mécanicien et devient un inventeur de génie d’engins de chantier (Caterpillar).
Il ouvre son entreprise et met Dieu au centre de son fonctionnement. A l’instar de Joseph dans la Bible, on peut dire de lui que « Dieu était avec lui et fait fructifier tout ce qu’il entreprend » au-delà de ses attentes.
Roger Letourneau décide alors de donner 10% de ses revenus pour soutenir des projets des indigènes du Libéria, puis du Pérou.
Il en vient à donner ainsi 20%, puis 50% et ainsi de suite jusqu’à 90% de ses revenus et vit très bien avec seulement 10% ! Pas de théologie de la prospérité chez lui, c’est un homme simple qui donne par conviction sans calcul.
Le dîme n’et pas une loi, c’est une proposition que Dieu fait comme étant une proportion juste. Ce qui compte, c’est notre cœur, notre motivation pour donner.
→ autre leçon : Dieu et le 1er donateur de la vie, de l’eau, de l’air, du soleil, de la terre et de ses richesses, du premier vêtement à Adam et Eve, donc du nécessaire. Et Dieu donne par amour pour l’être humain.
Nous sommes à son image, donnons avec amour, librement non pour enfermer l’autre mais pour son bonheur, non pour avoir un pasteur ou être fier de notre Eglise, mais par amour pour l’œuvre de Dieu : son Eglise !
→ Jésus veut aussi apprendre à ses disciples que les biens que nous avons sont fragiles et susceptibles de disparaitre en peu de temps (la veuve avant la mort de son mari vivait bien !) et donc c’est en Dieu que nous devons mettre notre confiance, une confiance totale comme l’a fait Jésus parce que nous sommes sûrs de l’amour de Dieu pour nous et de sa garde. Jésus vit cela et il est libre.

Bien des paroles de Jésus vont dans ce sens : n’ayez pas peur ; ne vous inquiétez pas du lendemain ; le Père sait que vous en avez besoin, il pourvoira à tous vos besoins ; …
Alors se pose la question de mon offrande :
• Combien dois-je donner ?
• Dois-je être raisonnable ?
• Dois-je donner régulièrement ou quand l’occasion se présente ?
• Donner par prélèvement, est encore un don alors que je n’ai même plus conscience de donner ?
• J’ai la charge de mes enfants, de ma famille, je ne peux la démunir ?
• Je dois garder un peu de côté, pour le cas où… ?
Jésus ne dit pas : faites comme cette veuve
ni : ce qu’elle fait est bien
Il ne porte pas de jugement moral au don de la veuve
Il cite des faits et invite à saisir la façon de voir de Dieu qui voit nos intentions dans le secret de nos cœurs, il voit les raisons que nous avons de donner, la joie que nous avons à le faire :
Il nous faut du discernement pour donner ce qui est juste, recevoir de Dieu une conviction
Donner sans discernement c’est : – soit par calcul → fruit de notre réflexion
– Soit par habitude → automatisme, si ça a été prié un jour, ce n’est plus le cas
– Soit par obligation → sous la loi
– Soit sur coup de cœur → émotions
Ananias et Saphira : trichent pour se faire valoir aux yeux des responsables de l’Eglise et ils meurent. On ne triche pas avec le Seigneur.
L’appel que lance Jésus : être vrai, à travers l’acte de foi que nous posons par ce geste du don d’argent, sachant que seul Dieu a besoin d’être au courant
Amen