Méditation du dimanche 31 août

Culte présidé par Brigitte Rouby, préparé par Michelle Raynaud
  • J’ai retrouvé cette prédication qui date d’une vingtaine d’années écrite par le pasteur Christian Baccuet et qui  a été élu Président de l’EPUDF – Elle sera lue dans son intégralité, j’ai pensé que nos pays sont encore dans la même situation.
  • « C’est un épisode douloureux de la vie de Paul qui nous est rapporté ici – Un épisode qui n’est pas sans lien avec notre monde d’aujourd’hui, puisqu’on y trouve un groupe de fanatiques religieux qui s’engagent à tuer un homme.
  • – Des terroristes, des intégristes, c’est comme cela que nous les nommons aujourd’hui, poussés à devenir assassins par leur engagement religieux ou leur folie intégriste : ils s’engagent en effet à ne pas manger et boire avant d’avoir réussi leur crime
  • Ce que traverse Paul pourrait très bien se situer dans notre temps.
  • – L’apôtre au moment de cette histoire est en prison…Il a été pris par la foule, en colère dans le temple de Jérusalem, accusé de souiller le lieu sacré et de renverser la foi.
  • A deux doigts d’être lynché, il a été sauvé par les soldats romains, qui l’ont emmené dans la forteresse Antonia —
  • Là, une confrontation avec les autorités juives a tourné à l’émeute, et Paul a été encore une fois sauvé de justesse par le commandant qui donne ordres aux soldats de l’emmener.
  • – C’est là qu’intervient le complot dont notre texte est l’écho
  • – Complot déjoué grâce au neveu de Paul qui prévient le chef militaire. Paul est alors transféré à Césarée, puis de là à Rome.
  • – Il échappera à ses tueurs.
  • – Cet épisode où Paul risque la mort n’est-il que le témoignage, presque anecdotique, d’une mésaventure de l’apôtre ? Où bien pouvons-nous en tirer un enseignement pour aujourd’hui ?
  • – Je vous propose de méditer sur deux dimensions de ce texte qui nous parlent aujourd’hui, qui nous aident à nous situer.
  • – Le premier enseignement de ce récit, c’est le rappel, si fréquent dans l’histoire de Paul, qu’être témoin du Christ, ce n’est pas de tout repos.
  • La foi est pourtant une aspiration au bien-être.
  • La foi, c’est être en meilleure relation avec Dieu, avec soi-même, avec les autres.
  • C’est trouvé un sens à sa vie.
  • C’est se savoir aimé par le Christ et être capable d’aimer, à son tour.
  • Mais cela déclenche parfois l’hostilité, car il y a dans le monde (et en nous) des forces de mal-être.
  • – Le Christ lui-même, qui annonce le Royaume d’Amour et pose des gestes de guérison et de libération, déclenche l’hostilité contre lui ! C’est la croix.
  • – A sa suite, ses disciples, ses témoins à travers les siècles, vont suivre son chemin souvent dans la difficulté, parfois comme Paul, dans l’épreuve, la prison, le danger, voire la mort ! Il est encore aujourd’hui des pays sur notre terre où des chrétiens sont persécutés pour leur foi… (Actuellement ce sont des millions de personnes qui sont persécutés)
  • Etre témoin du Christ, c’est aussi un déchirement existentiel. C’est par les siens que Paul est menacé de mort, par les membres du peuple juif dont il est membre….lui qui a été un pharisien irréprochable avant sa rencontre avec le Christ sur la route de Damas
  • – Le grand déchirement de Paul, c’est cette rupture d’avec les siens, lui qui reçoit, le Christ au cœur de sa vie et qui ne peut le partager avec ses frères.
  • – La foi, c’est parfois un déchirement ! Le Christ lui-même, venu accomplir la LOI , lui donner tout son sens, a été crucifié au nom même de cette loi. .
  • – Nos vies de foi sont parfois déchirées, quand nos repères, nos traditions, nos convictions sont bousculées.
  • Mais là, souvent au creux du danger, au cœur du déchirement, surgit la grâce, l’Evangile, l’Amour du Christ. A la Croix pointe la résurrection !
  • – Car Si être témoin du Christ est difficile physiquement et spirituellement, c’est aussi une grâce, une force. L’Esprit ressuscite le Christ… L’Esprit donne la force à Paul de rester debout et d’apporter l’Evangile jusqu’à Rome, au centre de l’Empire… L’Esprit nous pousse à être des témoins vivants.
  • – Etre témoin du Christ n’est pas facile, mais c’est une grâce qui nous est donnée !
  • La deuxième dimension de ce texte nous interpelle : C’est le fanatisme ! Les adversaires de Paul sont ici des juifs. ..Ailleurs ce sont des athéniens, ou des adeptes d’Artémis, ou d’autres encore… Ici ce sont des juifs.
  • – Des juifs, et l’on sent que derrière cet épisode, s’il est mal compris, peut se tapir l’hostilité dramatique, monstrueuse, qui  dresse le christianisme contre le judaïsme….
  • Et dont l’histoire a montré toute l’abomination, et dont l’actualité encore montre le danger.
  • – C’est pourquoi il importe de préciser ici deux points essentiels : Historiquement il y a bien eu séparation entre les disciples du Christ et les juifs ! Et…Théologiquement, il y a divergence entre les deux religions :
  • – Les uns croient au Christ et les autres n’y croient pas.
  • – Les uns mettent au cœur de leur vie la Loi de Dieu, les autres n’en font plus le lieu de la relation à Dieu. Notre texte est témoin de cette séparation douloureuse. Mais il y a (il y a surtout) un lien, un attachement indestructible entre les juifs et les chrétiens – Un lien qu’il nous faut sans cesse redécouvrir, approfondir, réaffirmer Jésus était juif et l’on ne peut le comprendre en dehors du judaïsme. !
  • – Paul, comme presque tous les hommes du Nouveau Testament, ne peut se comprendre sans son enracinement juif.
  • Dans les chapitres 9 à 11 de la lettre aux Romains, Paul médite cette différence et ce lien entre les juifs et les chrétiens, à l’aide de l’image de l’olivier = l’arbre a des branches naturelles et des branches greffées : toutes sont branches du même tronc, nourries de la même sève.
  • Puisse un texte comme celui de ce jour, nous aider à avancer dans l’amitié et la fraternité entre juif et chrétiens !
  • Un autre point est à préciser : Ne voyons pas dans ce récit un affrontement entre juifs/chrétiens – Ce qui se joue dans ce texte se déroule au sein de la communauté, au sein du judaïsme dont Paul est membre.
  • Il s’agit d’un débat interne : La foi en Christ déborde t-elle la communauté ? Conteste t-elle la Loi  et le temple ?  Est-elle universelle ou particulière ?
  • – Ces questions sont toujours les nôtres à l’intérieur des Eglises chrétiennes : la foi dépasse t-elle nos temples, nos fichiers ? Conteste t-elle notre histoire, nos traditions, nos habitudes, nos règles ?
  • – Est-elle à nous, pour nous, ou pour tous, par nous ?
  • L’enjeu de ce teste est un débat essentiel à maintenir vivant, et une interpellation sur les méthodes : comment aujourd’hui, dans nos Eglises, communautés, personnes, traversons-nous le débat de la foi ?
  • Dans la fraternité ou dans le fanatisme ? =  Bien sur, nous ne sommes pas de vilains terrorismes, des comploteurs, des assassins… mais combien de douleurs, de ruses, d’enjeux, de pouvoir, traversent nos Eglises et séjournent dans nos cœurs ? Combien de temps et d’énergies passées à vouloir imposer aux autres nos conceptions, à vouloir mettre à l’écart ceux qui nous gênent ?
  • – Ce texte est d’une actualité qui nous interpelle.
  • Et puis, il y a un autre personnage dans ce texte…un tout petit personnage… Nous peut-être ? — C’est le neveu de Paul, fils de sa sœur ! On ne sait rien d’autre de lui, pas même son nom ! On sait simplement qu’il avertit Paul du guet-apens qui se met en place contre lui. Il le prévient du danger ! Grâce à ce neveu Paul va traverser l’épreuve, ce petit membre de la famille, ce jour-là permet d’éviter le pire.
  • – Dans la famille chrétienne, cette immense famille de l’Eglise Universelle, cette petite famille aussi, faite de visages connus et de personnes aimées, cette famille compliquée parfois, avec de vrais témoins et vrais comploteurs, il y a des petits, des humbles.
  • En Christ, la fraternité est le lien qui nous unit. Le fils de la sœur de Paul en est un signe, ce jour là !
  • – Puissions-nous, chacun pour les autres, être celui qui, solidaire, prévient du danger, le danger extérieur de l’hostilité qui se dresse contre le témoin, le danger intérieur qui ronge le cœur du comploteur.
  • – Puissions-nous simplement, humblement, modestement, frères et sœurs dans la foi. = Les uns pour les autres – les uns avec les autres.
  • Amen

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