C’est pour ça que ça vaut la peine d’y regarder d’un peu plus près, d’enlever les sédiments des traditions d’interprétation pour en revenir au texte brut, qui peut ouvrir à d’autres pistes d’interprétation. Je vous propose d’explorer celle que je viens de lire.
La première piste intéressante, c’est que Jésus explique comment rester dans son amour : il suffit de lire le mode d’emploi. « Si vous observez mes instructions, vous restez dans mon amour, de même que moi, j’ai observé les instructions de mon Père, et je reste dans son amour ». L’amour n’est pas un mot ambigu, qui peut tout aussi bien s’appliquer à la passion amoureuse qu’à l’amitié ou à la relation entre chrétiens. Ici, l’amour entre les chrétiens est clairement défini comme étant la relation qui relie tous ceux qui suivent le même mode d’emploi, c’est-à-dire qui prennent comme cap dans leurs actions celui que Jésus nous a indiqué par son enseignement et par le témoignage de sa vie. L’amour entre chrétiens n’est ni une abstraction, ni un absolu : c’est la relation qui naît entre ceux qui écoutent, méditent et essaient de mettre en pratique l’Evangile.
Deux conséquences : çà ne s’applique pas à mon voisin ni à mon contrôleur s’ils ne sont pas chrétiens. Ce qui s’applique à eux, ce sont d’autres passages, comme par exemple la réponse que Jésus donne au scribe qui cherche à le piéger en lui demandant qui est son prochain dans le commandement du Livre du Lévitique (chapitre 19, verset 18) : « aime ton prochain comme toi-même » Vous vous en souvenez sans doute : c’est la parable du bon Samaritain, au chapitre 10 de l’évangile de Luc.
Mais çà peut s’appliquer à votre mère… au sujet de laquelle je vous invite à relire Marc 3, 31-35 : La mère et les frères de Jésus arrivent alors ; restant dehors, ils envoyèrent quelqu’un pour l’appeler. Une foule était assise autour de Jésus et on lui dit : « Ecoute, ta mère, tes frères et tes sœurs sont dehors et ils te cherchent. » Jésus répondit : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Il regarda les gens assis tout autour de lui et dit : « Voici ma mère et mes frères ! Car celui qui fait la volonté de Dieu, celui-ci est pour moi un frère, une sœur et une mère. »
…Et çà peut aussi s’appliquer à tel ou tel membre d’Eglise qui lui aussi use de son pouvoir pour vous mettre des bâtons dans les roues parce que, même si le conseil a donné son accord à votre initiative, lui pense qu’elle n’est pas bonne et qu’il est de son devoir de vous en empêcher. Là je vous invite à relire Matthieu 18 ; versets 15 à 17 : Si ton frère a péché contre toi, va et reprends-le seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute affaire se règle sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Eglise ; et s’il refuse aussi d’écouter l’Eglise, qu’il soit pour toi comme un non-juif et un collecteur des taxes.
Voilà qui donne à l’amour fraternel toute son épaisseur : l’épaisseur de notre Nouveau testament. Le mode d’emploi d’amour fraternel que Jésus nous a laissé est copieux, et matière à réflexion. Il se lit et se médite dans la prière. En fonction des situations, c’est un mode d’emploi vivant, qui appelle une interprétation dans la prière avec l’aide de l’esprit.