Méditation du dimanche 24 mars

Culte présidé par Jean Luc Lutz Texte : Philippiens 2 : 1 – 11

Chers frères et sœurs en Christ, nous avons entendu 2 textes du nouveau testament ce matin qui ont été écrit a peu près à la même époque. Tout d’abord le texte de l’entrée de Jésus à Jérusalem que l’on peut trouver dans les 4 évangiles et ensuite un extrait de la lettre de Paul aux Philippiens, que Paul écrit alors qu’il est en prison et qu’il a entendu parler de l’épisode des Rameaux, sans le vivre lui-même, mais il en reprend l’essentiel : Jésus vrai homme et vrai Dieu et l’humilité de Jésus jusqu’à la croix.

A la première lecture de ces deux textes, il y a quelque chose qui me frappe immédiatement. Jésus, Seigneur des Seigneurs et rois des rois, se promènent sur un âne comme un simple paysan. On a du mal à imaginer aujourd’hui un roi, un président ou même un ministre se promener sur un âne. J’ai vu cette semaine à la télévision une dame qui faisait une réflexion à notre premier ministre parce qu’il se déplaçait en avion plutôt qu’en TGV pour aller en province. Eh oui, un président ou un ministre se déplace en avion, pas en flixbus ou en ouigo. Même à l’époque de Jésus, on l’imagine plutôt faire une entrée triomphale dans Jérusalem perché sur une chaise à porteur, un peu à l’image d’Abraracourcix qui se promène debout sur un bouclier tenu par deux porteurs.

Mais pour Jésus, il n’en est rien. Il a demandé à ses disciplines de lui chercher une ânesse et un ânon. A cette époque l’âne est un symbole de pauvreté et de paix. Ce sont les paysans qui se déplacent à dos d’âne, c’est le compagnon idéal pour travailler dans les champs, docile et solide. Contrairement aux soldats qui eux se déplacent plutôt à dos de cheval, prêts à en découdre avec les ennemis. Par son utilisation Jésus nous montre aussi son humilité, il ne se met pas au-dessus des hommes auxquels il adresse son message. Aux Rameaux, Jésus est à la fois roi, fils de David et homme sur un âne entrant à Jérusalem qui va au devant de sa passion et de sa mort. Jésus s’est dépouillé lui-même en adoptant une attitude de serviteur, d’esclave. Comme bien souvent dans la Bible l’auteur nous prend à contre-pied. Pour devenir grand, il faut d’abord s’abaisser. Nous qui recherchons d’abord la reconnaissance, la lumière, l’admiration, nous qui cherchons à atteindre les sommets, nous lisons dans ce texte de Paul qu’il faut d’abord s’abaisser, toucher le fond pour pouvoir grandir. En d’autres termes, plus tu perds, plus tu gagnes. Le Christ d’est dépouillé volontairement et c’est volontairement qu’il a voulu n’être qu’homme et pleinement homme. Il ne s’agit pas d’aimer un Christ supérieur, une idole, quelqu’un qui réussit tout, qui sait tout faire, mais il s’agit d’aimer un Dieu qui est à notre image, il s’agit d’aimer l’humanité, c’est-à-dire l’homme avec toutes ses forces et toutes ses faiblesses, l’homme avec toutes ses limites et ses failles. Pour arriver à notre fin, nous devons considérer les autres comme supérieur à nous-mêmes. C’est le message que Paul transmet aux Philippiens. « ne faites rie par esprit de rivalité ou par désir d’une gloire sans valeur, mais avec humilité considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes » C’est a ce prix-là que nous ferons communauté. Ne cherchons pas en priorité ce qui peut nous servir, ce qui peut nous rendre plus fort, ce qui sert nos intérêts, mais cherchons d’abord ce qui est bon pour l’autre, pour la communauté.

Jésus va jusqu’au bout, il s’abaisse jusqu’à la mort. Il s’est humilié (dans le sens devenir humble) en faisant preuve d’obéissance jusqu’à la mort. Il savait ce qui l’attendait, il aurait pu mettre en œuvre des stratagèmes pour échapper à la crucifixion, mais il n’en est rien. Il s’est abaissé jusqu’à la mort pour aimer et s’occuper de nos besoins. Cela dépasse toute logique. En ce dimanche des Rameaux, la foule est là qui l’admire, qui l’accueille comme un roi. Il aurait pu se servir de cette ferveur pour échapper à la croix, mais il n’en a rien été, il est allé au bout de ce que Dieu lui demandait. Tout au long de sa vie il s’est abaissé, il a renoncé volontairement à ce que son statut de roi aurait pu lui donner comme passe-droit. Tout le monde l’admirait et l’adorait, mais lui est né dans une étable, dormait dehors, marchait de longues heures sous le soleil, pour finalement mourir sur une croix. L’innocent meurt pour les coupables. Lui qui avait tout est devenu rien.

Mais aux yeux de Dieu, il est devenu le plus grand. Il a atteint le but de sa mission et Dieu lui a donné le nom qui est au-dessus de tous les autres noms afin que chacun se reconnaisse en lui. Il a obéi à Dieu quand celui-ci lui a demandé de tout abandonner, et de descendre dans l’humilité, la souffrance jusqu’à la mort. Là encore nous avons du mal à comprendre. Comment l’amour d’un père peut-il se manifester de façon si cruelle ? La réponse se trouve dans l’évangile de Jean au chapître 3 verset 16 : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a envoyé son fils unique, non pour nous condamner, mais pour nous sauver ». Nous trouvons là, la démonstration de l’amour de Dieu. Le Christ a souffert pour que nous devenions à notre tour enfants de Dieu le Père.

La deuxième raison de son abaissement se trouve dans le verset 5 « que votre attitude soit identique à celle de Jésus-Christ », écrit Paul. Dieu connaît nos envies de gloire, nos aspirations à être meilleur que notre voisin, notre désir d’élévation. Mais ce désir d’élévation conduit à l’enfer, à notre perte. Dans le livre de Jacques au chapitre 4 verset 10 nous pouvons lire que si nous nous humilions devant le Seigneur, celui-ci nous élèvera. Il ne s’agit pas d’avoir une vie vide, sans personnalité, sans éclat ou énergie. S’abaisser, ne signifie pas renoncer, mais s’abaisser signifie laisser Dieu décider quels sont les besoins que lui considère comme important pour nous. S’abaisser signifie remettre à Dieu nos désirs et nos passions. Utiliser nos dons, sans attendre d’applaudissements en retour et faire accorder nos rêves à sa volonté. C’est un chemin qui peut être long, apprendre à s’abaisser, à s’abandonner, faire passer l’autre avant soi-même, donner au lieu de prendre. C’est un chemin que nous n’avons pas l’habitude de prendre, mais c’est un chemin libérateur.

Alors que nous entrons dans cette semaine Sainte, nous savons ce qu’il nous reste à faire : vivre à l’image du Christ. Nous avons une semaine pour réfléchir à notre vie de Chrétien, à changer notre état d’esprit et notre attitude : « et le monde saura que nous sommes chrétiens, par l’amour dont nos actes sont emprunts ».

Amen.

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