Mais pour Jésus, il n’en est rien. Il a demandé à ses disciplines de lui chercher une ânesse et un ânon. A cette époque l’âne est un symbole de pauvreté et de paix. Ce sont les paysans qui se déplacent à dos d’âne, c’est le compagnon idéal pour travailler dans les champs, docile et solide. Contrairement aux soldats qui eux se déplacent plutôt à dos de cheval, prêts à en découdre avec les ennemis. Par son utilisation Jésus nous montre aussi son humilité, il ne se met pas au-dessus des hommes auxquels il adresse son message. Aux Rameaux, Jésus est à la fois roi, fils de David et homme sur un âne entrant à Jérusalem qui va au devant de sa passion et de sa mort. Jésus s’est dépouillé lui-même en adoptant une attitude de serviteur, d’esclave. Comme bien souvent dans la Bible l’auteur nous prend à contre-pied. Pour devenir grand, il faut d’abord s’abaisser. Nous qui recherchons d’abord la reconnaissance, la lumière, l’admiration, nous qui cherchons à atteindre les sommets, nous lisons dans ce texte de Paul qu’il faut d’abord s’abaisser, toucher le fond pour pouvoir grandir. En d’autres termes, plus tu perds, plus tu gagnes. Le Christ d’est dépouillé volontairement et c’est volontairement qu’il a voulu n’être qu’homme et pleinement homme. Il ne s’agit pas d’aimer un Christ supérieur, une idole, quelqu’un qui réussit tout, qui sait tout faire, mais il s’agit d’aimer un Dieu qui est à notre image, il s’agit d’aimer l’humanité, c’est-à-dire l’homme avec toutes ses forces et toutes ses faiblesses, l’homme avec toutes ses limites et ses failles. Pour arriver à notre fin, nous devons considérer les autres comme supérieur à nous-mêmes. C’est le message que Paul transmet aux Philippiens. « ne faites rie par esprit de rivalité ou par désir d’une gloire sans valeur, mais avec humilité considérez les autres comme supérieurs à vous-mêmes » C’est a ce prix-là que nous ferons communauté. Ne cherchons pas en priorité ce qui peut nous servir, ce qui peut nous rendre plus fort, ce qui sert nos intérêts, mais cherchons d’abord ce qui est bon pour l’autre, pour la communauté.
Jésus va jusqu’au bout, il s’abaisse jusqu’à la mort. Il s’est humilié (dans le sens devenir humble) en faisant preuve d’obéissance jusqu’à la mort. Il savait ce qui l’attendait, il aurait pu mettre en œuvre des stratagèmes pour échapper à la crucifixion, mais il n’en est rien. Il s’est abaissé jusqu’à la mort pour aimer et s’occuper de nos besoins. Cela dépasse toute logique. En ce dimanche des Rameaux, la foule est là qui l’admire, qui l’accueille comme un roi. Il aurait pu se servir de cette ferveur pour échapper à la croix, mais il n’en a rien été, il est allé au bout de ce que Dieu lui demandait. Tout au long de sa vie il s’est abaissé, il a renoncé volontairement à ce que son statut de roi aurait pu lui donner comme passe-droit. Tout le monde l’admirait et l’adorait, mais lui est né dans une étable, dormait dehors, marchait de longues heures sous le soleil, pour finalement mourir sur une croix. L’innocent meurt pour les coupables. Lui qui avait tout est devenu rien.