Méditation du 31 décembre

Chères sœurs, chers frères,

Eh oui, notre Dieu vivant parle et agit à travers nous. Non, pas de face à face comme à Moïse à travers un buisson ardent, mais souvent par les rêves, en termes bibliques on parle de SONGES. Et dans la Bible les prénommés JOSEPH semblent particulièrement concernés. Ce fut le cas de Joseph, fils de Jacob, surtout connu en qualité d’interprète de rêves. Sa capacité d’expliquer les rêves au pharaon, valent à Joseph une carrière de haut fonctionnaire plénipotentiaire. Et le Joseph des évangiles de Luc et de Matthieu, père nourricier de Jésus, est au moins deux fois le destinataire de la parole divine, par la voix d’un ange : Matthieu 1, 20 et Matthieu 2, 13-15 (cf. les tableaux de maîtres ayant comme sujet la fuite en Egypte). Ces deux passages jouent un rôle majeur dans le plan de salut de Dieu : si Joseph n’avait pas suivi la voix de l’ange, les choses se seraient certainement déroulées différemment …

Il reste un deuxième point commun entre les 2 Joseph : l’Égypte. Matthieu aurait-il voulu faire allusion à un voyage initiatique de Jésus nourrisson au pays d’où des siècles auparavant ses ancêtres sont partis afin de rejoindre la terre sur laquelle Israël et la Judée se sont constitués ?

Une chose est certaine : les générations d’Israélites après le Joseph de l’AT ne bénéficiaient plus des privilèges de leur protecteur Joseph, tout au contraire. Comment les pharaons successifs et leurs administrateurs auraient-ils pu résister à la tentation de transformer ces étrangers en main d’œuvre bon marché ? Il fallait construire les pyramides et bien d’autres édifices. Les ETRANGERS alors.
Et Jésus, en partant pour l’Egypte allait devenir un ETRANGER …
Pour Jésus et sa famille, l’Egypte allait devenir une terre d’accueil.

Coïncidence ou l’Histoire qui se répète ?
Dans vos têtes, sœurs et frères, des lumières se mettent en action. Nous sommes en train d’effectuer un plongeon d’un passé plusieurs fois millénaire jusqu’au cœur de notre actualité brûlante. Nous pensons au Soudan, à Gaza, au Yémen, à l’Ukraine et à plein d’autres contrées de notre planète, hélas souvent trop vite oubliées par les médias.
Accueillir les étrangers a toujours été une grande cause et en raison d’un monde en ébullition par des conflits, des famines, épidémies et catastrophes climatiques ceci risque même de se renforcer. Pas la peine de brandir l’étiquette de l’hôtel à chambres occupées, tôt ou tard, et à fortiori en l’absence de politiques concertées et d’une paix durable dans les pays « émetteurs » plus aucun obstacle n’empêchera les autres peuples de venir chez nous. Il est de toutes façons notre devoir moral de participer à une solution humaine. Pendant la 2e Guerre mondiale, le pasteur André TROCME du Chambon sur Lignon a fait le choix, au risque de sa vie, de sauver des Juifs en les cachant dans son village. De même, en 1939 fut créée la CIMADE qui œuvrait dans le même sens. En regardant cette page de journal (Dauphiné Libéré, 26 décembre 2024 p. 44), nous lisons encore « TERRE D’ACCUEIL » et « LIGNON ». Une continuité de combat pour les droits de l’Homme, fortement soutenu par les Eglises. Et se sont très souvent les chrétiens eux-mêmes qui sont persécutés, comme ce fut le cas en Syrie et ailleurs. Inversement soyons attentifs à la trop grande connivence entre le pouvoir séculaire et les églises. Le mauvais exemple de la religion d’Etat proclamée par l’empereur Constantin n’en est qu’un aspect. « Donnez à Dieu ce qui est à Dieu. Donnez à l’Empereur que qui est à l’Empereur. »

Justement, que disent les Ecritures à ce sujet ?
Dans l’Exode 22 :21 nous lisons Tu ne maltraiteras point l’étranger, et tu ne l’opprimeras point ; car vous avez été étrangers dans le pays d’Egypte.

Dans une parabole chez Matthieu 25, 34-46, Jésus dit : car j’ai eu faim, et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif, et vous m’avez donné à boire ; j’ai été étranger, et vous avez recueilli …

L’accueil de l’étranger est érigé en valeur de commandement.
Qu’en dit la constitution de la République Française ?

Le préambule de celle de 1946 prévoit expressément le droit d’asile et la Déclaration universelle des Droits de Homme qui fait partie intégrante de celle de 1958 la prévoit également. La jurisprudence du Conseil Constitutionnel est constante dans l’affirmation de la valeur constitutionnelle du droit d’asile.

Nous sommes sur un pied d’égalité entre la Bible et la loi de la République.

Passons à un dernier point et non pas le moindre. Et effet celui-ci fut le déclencheur de cet exode. Si Dieu doit mettre à l’abri temporaire son fils, ceci est provoqué par une folie meurtrière de la part de ce roi Hérode, roitelet par la grâce de l’occupant romain. En ceci comparable au pouvoir de Vichy durant l’occupation nazie. En fait, les Romains avaient l’habitude de laisser en place un semblant d’autonomie en vue de la gestion de conflits particuliers, spécialement d’ordre religieux. Le préfet romain pouvait s’en laver les mains. Vous comprenez l’allusion …
Et les rois de la lignée d’Hérode étaient en partie connus pour leur désir de pouvoir, leur style de vie excessif et j’en passe les détails. Se croire menacé, ne serait-ce par un nouveau-né leur était insupportable. La coutume de se débarrasser une fois pour toute de tout mâle qui risquerait le maintien du statu quo est très ancienne et perdure encore dans certaines dictatures (Corée du Nord).

Et en même temps, c’est ce genre de persécution qui pousse les populations à fuir leur pays. Notre histoire revient à son début. Le risque de se faire tuer en raison de sa religion, sa couleur de peau, ses origines ethniques, ses opinions politiques …
Jésus, le fils de Dieu a vécu notre sort. Il a partagé nos peines. Il est ainsi notre frère. Comment Dieu aurait pu faire davantage, pour nous rapprocher encore plus de lui ?
Comment ne pas le remercier chaque instant de notre vie pour cet amour inépuisable.
AMEN

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