Qu’est-ce donc que ce vent et cette mer qui parlent à tort et à travers et qui angoissent les disciples ?
Avant de répondre à cette question, demandons-nous d’abord ce qu’un humain ressent quand survient dans sa vie un événement qui le plonge dans l’inconnu.
Quand je parle d’un événement qui plonge l’humain dans l’inconnu, je veux parler de tous ces événements qui surviennent dans nos vies et qu’on aurait bien évités :
On pense bien sûr à la maladie, aux événements douloureux qu’on traverse, aux accidents, au deuil, au divorce, on pense au chômage, mais aussi à la guerre, à la montée de l’extrémisme, et vous pourrez compléter la liste…
Ces événements nous plongent dans l’inconnu car, quand ils nous arrivent, on sait que notre vie ne sera plus la même ; notre vie va changer dans un sens auquel on ne s’attendait pas.
Sans conteste, face à tous ces événements qui nous plongent dans l’inconnue, on a peur.
On a peur car on est plongé dans l’incertitude. On ne maîtrise plus rien.
Pour les disciples, l’événement qui les plonge dans l’inconnu est cet ordre que Jésus leur donne d’aller vers l’autre rive en traversant la mer. Et, cet ordre de Jésus met les disciples dans l’incertitude, donc la peur.
Comment réagit-on face à cette peur que provoquent ces événements qui nous plonge dans l’inconnu ?
C’est simple, on va vouloir se rassurer.
Et pour se rassurer, on va tenter d’analyser, de comprendre ce qui nous arrive. On va donc chercher des paroles.
Ces paroles seront d’abord des paroles qu’on va se dire à soi-même pour chercher à comprendre, pour chercher à évaluer sa responsabilité dans cet événement, pour définir éventuellement des choses importantes à faire ou à ne pas faire.
Parfois, quand cet événement nous plonge dans un inconnu très difficile, ces paroles qu’on se dit à soi-même tourneront en boucle dans nos têtes.
On risque fort, alors, de faire de l’insomnie. C’est ce que font les disciples dans le bâteau : une insomnie ! Alors que Jésus dort sur son coussin car c’est la nuit, les disciples sont éveillés. Les disciples, ce soir-là, ne dorment pas tellement ils ont de paroles qui tournent dans leur tête.
Mais les paroles qu’on cherche pour se rassurer ne viennent pas que de nous. A nos paroles intérieures, viennent s’ajouter les paroles des autres, celles de notre entourage mais aussi celles qu’on va chercher vers ceux qui pourraient nous sortir de cette peur que provoque cet événement sur nous. Généralement, on va chercher ses paroles chez ceux qui savent c’est-à-dire chez les scientifiques, les médecins, les gens qui ont de l’expérience.
Et là, le vent qui commençait à souffler à cause de ce que j’ai pu me dire à moi-même se renforce et la mer s’agite encore plus au point où l’eau commence à entrer dans la barque.
Comme les disciples, on se sent alors périr car dans toutes les paroles que j’ai entendues, rien n’est cohérent, tout parle à tort et à travers. L’un dit ça, l’autre dit autre chose, moi, je dis encore autre chose.
En fait, on se rend compte, qu’au lieu de rassurer, toutes les paroles que j’ai accumulées, de moi, des autres, loin de calmer ma peur face à l’inconnu, ces paroles l’augmentent. Alors qu’on cherchait à se rassurer par des paroles, les paroles qu’on a trouvé nous angoissent d’avantage.
Oui, c’est vrai, on peut se méfier de ces événements qui génèrent un flot incessant de paroles en nous, c’est un signe que ces événements nous font peur. On pense, là, au réchauffement climatique, aux élections législatives aussi (pour ne citer qu’eux !).
Que de paroles dites, que de prises de positions autour de ses 2 événements. Cela montre à quel point ils nous angoissent profondément. Pour ces 2 événements, la mer est vraiment déchainée pour nous.
Qu’est-ce donc que ce vent qui souffle et cette mer agitée qui suscite la peur des disciples ?
On peut maintenant répondre. Ce sont ces paroles qui entourent les événements de nos vies qui nous plongent dans l’inconnu. Loin de nous rassurer, ses paroles nous submergent car elles finissent par générer de la cacophonie.
Et, cette cacophonie ne génère qu’une seule chose : croire qu’on va périr. C’est ce que les disciples disent à jésus : « Maître, ne t’inquiètes-tu pas de ce que nous périssons ? »
Il s’agit donc de se sortir de cette angoisse que génère cette cacophonie.
Que font les disciples pour s’en sortir ?
Il réveille le Seigneur. Et aussitôt le Seigneur fait taire toutes les paroles, toute cette cacophonie que cet événement a produite chez les disciples. Cela va leur permette d’aller sur l’autre rive.