Ces 2 rencontres vont faire apparaître 2 éléments auxquels nous ne prêtons parfois pas beaucoup attention. Le 1er élément : la perte. Dans leur rencontre avec Jésus, ces 2 hommes vont commencer par perdre. L’ex aveugle perd tout d’abord son gagne pain. Aveugle, il pouvait mendier tranquillement, devenu clairvoyant il lui faut trouver un autre moyen de gagner sa vie. Perdant son identité de mendiant il lui faut se reconstruire humainement et socialement. Zachée va perdre énormément, déjà sa dignité en courant et en grimpant, puis, dans l’enthousiasme de la rencontre, il s’engage à verser la moitié de sa fortune aux pauvres, et «si j’ai pris trop d’argent à quelqu’un, je vais lui rendre 4 fois autant. » il va se retrouver ruiner…
Le 2nd élément : Jésus ne demande rien en contre partie. Il accueille les réactions des 2 hommes, en disant à l’un : ta foi t’a guéri et à l’autre : le salut est entré dans cette maison. Je disais plus haut que Jésus ne ren-tre pas dans le cycle enseignement catéchétique obligatoire, Ici, pas d’in-terrogatoire plus ou moins inquisitorial, comme parfois l’on fait quand une personne demande notre intervention, comme nous avons parfois l’habitude de pratiquer dans nos groupes ou paroisses d’église. Jésus ne demande rien en échange. Seule, la réaction de la personne l’intéresse. *N’ayant pas la science infuse, pour connaître une personne, il nous faut recueillir quelques renseignements sur elle, sa vie, son passé. Il faut la fré quenter, la rencontrer autant que faire se peut. Tout cela est important. Nous ne sommes pas comme Jésus qui, croisant la personne, ne lui dit que « que veux-tu que je fasse pour toi ; ou descend de ton arbre. » *Pourtant ce genre de rencontre se vit parfois dans nos groupes ou asso-ciations. C’est ce que j’ai vécu à la C.B. ou j’ai eu ce genre de dialogue dans la rencontre avec une personne en difficulté avec l’alcool. Cette rencontre en fut facilitée, les obstacles à la communication tombaient, cette person-ne est devenue un membre actif de l’association (cela s’est fait autour d’un repas). *En général, le groupe ou l’association essaye toujours de s’inscrire dans le temps, la durée. S’il veut perdurer, il est important qu’il puisse renouveler ses membres. On ne peut lui en vouloir de bétonner le terrain.
Jésus, lui, parle d’immédiateté «Aujourd’hui ! Que veux-tu que je fasse pour toi » et non pas que pourrais-je faire ? Jésus ne parle ni de demain, ni des mois à venir. C’est bien aujourd’hui dont il parle. Le dialogue entre les 2 hommes est des plus simples. On peut s’étonner de sa brièveté et prag-matisme. La demande « que veux-tu que je fasse pour toi ? » La réponse « que je vois à nouveau ! » Pas de fioritures, c’est tout simple !
Nous, nous aurions tendance à ajouter : est-ce que tu crois en Dieu ? vien-dras-tu régulièrement au temple, à la synagogue? liras-tu la Thora, la Bible régulièrement en respectant tous ses commandements ? Non, rien de tout cela avec Jésus.
*Une parole, une seule «vas, ta foi t’a sauvé. » Et l’aveugle se met à louer Dieu de telle façon qu’il entraîne la foule qui accompagne Jésus alors qu’elle était prête à le faire taire. J’espère qu’il a pu continuer de louer Dieu, au long du chemin vers Jéricho !
*Quand à Zachée, la foule qui faisait certainement exprès de faire écran entre Jésus et lui, cette foule va être décontenancée. Certainement, elle se disait à mi-voix : vient-il faire ici ? On est bien entre nous, on n’a pas besoin de voir la tête de ces pourris de collabos. Or Jésus s’arrête sous son arbre et lui dit « il faut que je loge chez toi, aujourd’hui ? » Là, cela ne va plus, que fait-il de notre pureté religieuse ?
Cela n’a pas du faire plaisir aux religieux officiels de la ville. Que se passe-t-il ? Nous enseignons la pratique de la pureté rituelle et voilà que ce Jé-sus va à l’encontre de notre enseignement ! Ce rabbi se permet d’aller man-ger et loger chez un tel individu ? Jésus enfonce un peu plus le clou, ajou- tant « le salut est entré dans la maison, parce que lui aussi est un fils d’Abraham ! » et pan sur le bec !!
En attendant, Jésus réintègre ces 2 hommes, dans la société civile (il voit), mais aussi religieuse (il est aussi fils d’Abraham).
Alors, faut-il le suivre ? Chacune et chacun d’entre nous a sa réponse ! Ce qui est sûr, la perte a été importante pour les 2 hommes. Mais ce qu’ils y ont gagné n’a pas d’équivalent. Une nouvelle dignité de vie. La joie transparaît au travers de leurs réactions. Une grande liberté et, ou, une nouvelle manière d’aborder la vie. Je ne suis plus obligé de tendre la main et de geindre pour attendrir le passant. Je ne suis plus obligé de me consi-dérer et d’être considéré comme une pourriture de collabo. Jésus ne lui a pas demandé de changer de métier, mais plutôt de s’approprier les paroles de J-Baptiste : ne prendre que ce qui est nécessaire au bon déroulement de la collecte des impôts, en un mot : ne pas pressurer ses concitoyens. Pour gagner cette nouvelle liberté de vivre notre foi devons nous ne devons pas nous enfermer dans une règle. Cela a été le dilemme des pre-miers chrétiens à partir du moment où les païens se convertiront au Dieu de Jésus-Christ. C’est parfois notre propre dilemme quand nous entrons dans un groupe où l’on nous demande de suivre un règlement pour pouvoir s’y intégrer au mieux…
Notre réponse ne dépend que de nous. Nous avons toutes et tous la liberté de répondre par oui ou non. Si nous sommes ici, c’est que pour nous, la loi et les commandements ne sont pas des carcans mais bien des moyens pour mieux vivre en société, réguler au mieux les relations sociales. C’est ce que Jésus nous dit à travers ses 2 paroles « va ta foi t’a sauvé ! le salut est entré dans cette maison. » Amen