Méditation Dimanche 7 Avril

Entrer en confiance…. Texte biblique Evangile de Jean chapitre 20 ; verset 19 – 31 C’est le passage biblique où Jésus apparait à ces disciples, mais il manque Thomas ! Extrait d’une méditation du Pasteur Régis Joly

Introduction

Bien souvent, quand nous parlons de la foi, nous oublions que l’une de ses composantes principales est la confiance. En donnant votre foi au Seigneur, vous acceptez de fonder votre vie et vos choix sur sa Parole, de lui faire confiance. Et en ajoutant  foi au message de la Bible, vous le déclarez digne de confiance.

Il me semble que l’Evangile de ce jour ne nous appelle à rien de mieux que de repenser notre foi, notre confiance, à la mesure de notre relation avec le Ressuscité. Nous sommes amenés à considérer comment il peut être rendu présent en nous par le Saint-Esprit qu’il nous a offert.

Mais quel rapport peut-il bien y avoir entre la confiance, la spiritualité et l’Esprit ? Efforçons-nous de le voir ensemble en évoquant la foi fondée sur une rencontre avec le Ressuscité, les frustrations liées au manque de rencontre avec lui et en quoi cela peut inspirer notre prière, avant de nous interroger sur la foi des personnes qui croient (ou envisagent de croire) sans avoir d’expérience à raconter à propos d’une rencontre personnelle avec le Ressuscité.

ai

La foi fondée sur une rencontre avec le Ressuscité

Le plus fréquent, dans les témoignages de foi chez les chrétiens, c’est d’entendre parler d’un événement qui est interprété comme une rencontre avec le Christ ressuscité. Et c’est bien le modèle qui est présenté ici, que ce soit pour les disciples de la première rencontre ou pour Thomas.

Et il est vrai que le cœur de l’Evangile relève avant tout d’une relation avec Dieu, à travers ou en Christ. J’en veux pour preuve ce commandement  que Jésus donne à ses disciples comme résumant « la Loi et les prophètes » : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu…  Quoi de plus rationnel que l’amour ?

J’aimerais faire ressortir ici une des composantes essentielles de l’Amour. Il s’agit de la confiance. Peut-on véritablement construire une relation qualifiée d’amour avec une personne dont on se méfie ? Qu’il s’agisse, d’amour filial, d’amour conjugal, ou toute autre forme de l’amour, rien de solide ne peut se construire hors de la confiance !

Comment pourrions-nous donc passer de l ‘homme Jésus, sage de l’Antiquité et Maître à penser reconnu,  à la proclamation de Thomas : « Mon Seigneur et mon Dieu », sans qu’il y ait eu une rencontre, un cœur à cœur ? Et même la, la confiance ne vient pas nécessairement instantanément. La confiance se bâtit petit à petit, en prenant le risque de s’ouvrir un peu à quelqu’un, en lui donnant un certain accès à notre intimité. Et, si notre petite confiance n’est pas trahie dans la durée, nous tentons de nous ouvrir un peu plus, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’on puisse vraiment parler d’amour ou d’amitié en profondeur….

 

Simplement, il semble bien que tout commence avec une rencontre. Avez-vous déjà vécu quelque chose de cet ordre ? Sur quoi se fonde votre spiritualité, votre relation à Dieu ?

 

La frustration et la prière : demander une rencontre

 

Pour ma part, il est arrivé que j’entende d’autres chrétiens me parler d’expériences qu’ils avaient faites avec Dieu, et de me demander si j’étais vraiment chrétien ou si j’étais normal : je n’avais jamais vécu ce dont ils me parlaient. Et je dois dire que c’était extrêmement frustrant !

Dans ce récit, la façon dont Thomas s’exprime quand il évoque le fait de mettre ses doigts dans les marques des clous ou sa main dans la plaie au coté de Jésus, c’est aussi une marque de frustration.  Je le ressens comme une forme de colère et d’agressivité qui pourrait correspondre à ce que j’ai vécu dans de tels moments : «Pourquoi, eux, il y ont eu droit ? Est-ce que je suis un disciple de seconde zone ?… »

Mais le plus important,  ce n’est pas la déclaration : « Je ne croirai vraiment pas, sauf si, il vient me rencontrer et me montrer les preuves » (c’est ce qu’à dit Thomas). Non, l’essentiel est dans l’espoir qui pointe son nez derrière  quand Thomas dit « Je voudrais qu’il vienne me montrer ses mains et son côté, je voudrais qu’il vienne me rencontrer »… »

En un sens, cela m’apparaît comme une prière extraordinaire ! Pleinement en phase avec son cœur, connecté à sa colère et sa frustration, Thomas appelle le Ressuscité à venir le voir, à le rencontrer et à corriger ce qu’il ressent comme une injustice terrible. Oui, il est jaloux ! Mais c’est bien là le signe qu’il aime son Seigneur. On peut toujours considérer que c’est un amour infantile qui mène à la jalousie, mais il n’y a aucun doute sur le fait qu’il n’est pas indifférent !

Il m’est arrivé de demander à Dieu des rencontres ou des expériences semblables à celles que d’autres avaient décrites. En général, je n’ai pas obtenu la répétition de ce qu’ils ont vécu, mais j’ai vécu d’autres choses, de moments forts de spiritualité et d’intimité avec mon Dieu. Alors j’aimerais vous encourager  à oser ! Osez dire au Seigneur vos colères, vos déceptions et vos frustrations ! Dites-lui ce que vous vivez comme une injustice ou comme un manque. Et laissez-le choisir le moment, le lieu et les formes de sa réponse, de la rencontre qu’il va vous donner.

La foi fondée sur le tombeau vide, sur l’expérience d’une absence

Maintenant, il y a aussi cette parole du Ressuscité sur les non-voyants qui sont des croyants. Autrement dit, celles et ceux qui fondent leur confiance en Dieu, non sur un savoir, mais sur un possible, une espérance. Un peu comme Pierre et Jean dans l’épisode devant le tombeau, la foi peut se développer sur quelque chose d’impalpable, sans certitude absolue, sans expérience dont on pourrait témoigner.

Il me semble que c’est ici une façon de comprendre ces personnes que le Christ relevé de la mort évoque en parlant ainsi.

Et il peut y avoir le sentiment de ne rien vivre de particulier avec Dieu, simplement parce que nous ne vivons pas de moment extraordinaire. Mais après tout, qui a dit que cela devait toujours être intense ?  La présence de Dieu en nous peut être une réalité vivante, que d’autres voient autour de nous, mais de manière discrète et sans vague. Des personnes semblent vivre au quotidien avec le Seigneur, et pensent ne l’avoir jamais rencontré. Et cela n’est dû qu’à une chose simple : ils n’ont rien vécu d’extrême qui mériterait à leurs yeux que l’on en parle dans la communauté. Et pourtant…

Nous ne sommes pas tous appelés à vivre la même chose dans la foi. Pour certains, la confiance peut se bâtir sur du vécu érigé en certitudes alors que d’autres se contenteront d’un vécu dont l’interprétation reste incertaine, alors que d’autres personnes, enfin ne se fondent que sur un manque, un vide, le sentiment d’une absence. Et pourtant, tous sont également disciples de Jésus-Christ ! Et même chacune de ces catégories auraient tendance à envier les autres, tout en ayant peur de leur différence.

A aucun moment le Christ ne fait critique de Thomas ou de la foi des autres disciples. Il se contente d’encourager  les personnes qui n’ont aucun support d’expérience pour leur foi. Il les appelle bienheureuses, sans doute pour compenser leur tendance à faire des complexes pour n’avoir rien reçu qui puisse être qualifié de révélation particulière…

Conclusion

Alors, aujourd’hui, quel que soit votre besoin pour mieux développer une relation d’amour et de confiance avec Dieu, par le Christ, n’hésitez pas à vous réjouir des aides reçues, à demander ce dont vous avez besoin  et ne vous laissez pas rabaisser ou dévaluer à vos propres yeux ou aux yeux des autres si vous êtes des croyants non-voyants : le Christ vous déclare bienheureux !

Rappelez- vous simplement que tout cela relève d’une relation, qu’elle soit ressentie ou non, une relation fondée sur la confiance.

Amen.

Contact