Ah ! Ces apôtres !!… Bâtisseurs de la première heure, ils ont été envoyés par le Christ, après avoir reçu, à la Pentecôte, l’Esprit Saint, vous le savez. Les apôtres, ἀπόστολος en grec, les envoyés, ceux qui ont été envoyés, qui se sont dispersés et ont fondés les premières communautés, celles qui ont voulu vivre selon la parole du Christ. Il était alors trop tôt pour les appeler chrétiennes. Mais elles ont bien été les points de départ de ce que nous appelons aujourd’hui l’Église, l’Église du Christ, l’Église apostolique, celle qui est héritière de ces apôtres.
Mais n’allons pas trop vite, arrêtons le déroulement de l’histoire et revenons en arrière. Faisons fonctionner la machine à remonter le temps, le temps d’avant les prémices de l’Église. Le temps du big bang… Pas celui de la création de l’univers le temps de la création originelle, non, le big bang de Jésus Christ. Car oui, je crois que nous pouvons aussi appeler cela un big bang. Il y a eu un avant Jésus et un après Jésus, comme il y a eu un avant et un après au big bang originel. Dans les deux cas un avant et un après radicalement, fondamentalement, différents. Avant le big bang originel, il y avait une masse d’une densité incroyable, une masse recroquevillée sur elle-même, tout l’univers concentré en une seule masse ultra compacte. Par la volonté de Dieu, le big bang originel à fait éclater cette masse pour disperser la matière et créer les conditions propres à l’arrivée de la vie… Rassurez-vous, je ne suis pas astrophysicien, je n’irai donc pas plus loin dans l’explication du big bang originel…
Avant Jésus-Christ, toute la religion juive, toute l’expression de la foi et de la crainte de Dieu, était concentrée dans la Loi. Une loi dense, qui pesait de tout son poids sur le peuple juif au point de le conduire à s’interdire même de prononcer le nom de son Dieu, le nom que Dieu s’était lui-même donné, répondant à la demande de Moïse : YHWH. YHWH, cette double conjugaison du verbe être en hébreu : הָיָה qui n’est pas vraiment traduisible mais qui se rapproche d’un « je suis qui je serai » avec cette notion d’éternité qui a donné « l’Éternel ». Mais je m’éloigne de notre sujet. Donc avant le Christ, avant le ministère de Jésus, il y a la densité de la Loi et après Jésus, il y a cet éclatement de la Loi au profit de l’amour qui devient l’accomplissement même de la Loi. Autrement dit, l’amour, plus fort que la Loi, en devient la réalisation ultime. Après le big bang de Jésus, l’amour est à la Loi ce que la vie est à la matière originelle après le big bang originel.
Alors maintenant essayons d’entrer quelques instants dans la peau de ces apôtres. Imaginons l’effort d’adaptation, de compréhension qu’ils ont dû faire face au big bang de Jésus. C’est pour eux un changement complet de paradigme, Jésus leur propose une toute autre façon de concevoir le monde, l’humanité et leur foi. Alors comment suivre ?… Comment arriver à suivre Jésus dans sa pensée, dans sa parole, dans son enseignement alors qu’ils ne sont que des hommes, de simples hommes avec leurs forces, certes, mais aussi et surtout leurs faiblesses ? Alors ils enchainent les contresens et les erreurs de compréhension. Quelques versets avant ce passage que nous avons lu aujourd’hui, les apôtres ont dû faire face à leur incapacité à guérir un enfant possédé qui leur avait été présenté par la foule. C’est Jésus seul qui a pu le faire et il l’a fait par la prière. Imaginons-nous à la place des apôtres. Nous suivons Jésus jours et nuits, nous sommes aux premières loges de son enseignement et alors que nous avons tout quitté pour le suivre nous prenons conscience que nous ne sommes même pas capable de prier correctement pour libérer un enfant du malin qui l’habite. C’est sans doute difficile à vivre, n’est-ce pas ?