Méditation dimanche 26 janvier

Culte présidé par le pasteur Jacques Peterschmitt. Texte : Luc 4,14-22

Le texte que vous venez d’entendre nous raconte le début du ministère public de Jésus ; et cela se passe juste après que Jésus ait été tenté au désert.

Et pour commencer son ministère, Jésus sillonne la Galilée et enseigne dans les synagogues avec la puissance de l’Esprit.

À notre grand étonnement, personne n’est indifférent à son enseignement, bien au contraire.

Partout, Jésus provoque de l’admiration à tel point qu’il est glorifié par tous.

Même à Nazareth, la ville où Jésus a grandi, cela ne fait pas exception.

v22 : « Et tous lui rendaient témoignage et étaient étonnés des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. »

Partout, Jésus suscite le même enthousiasme, la même ferveur même à Nazareth où on sait pourtant que ça va se gâter.

On peut légitimement s’interroger, pourquoi Jésus provoque un tel enthousiasme partout où il passe ?

Qu’a-t-il de plus que les autres pour que les gens soient « dans l’étonnement, devant les paroles de grâce qui sortent de sa bouche » ?

Pour tenter de comprendre cet engouement de la population à vouloir entendre Jésus, regardons ce qui se passe dans la synagogue de Nazareth.

C’est le jour du sabbat pendant l’office.

Regardons, en particulier, à partir de quel moment, l’office ne se déroule plus selon le rituel.

Dans le texte, ce moment est clairement identifié. C’est le moment où jésus se rassoit après avoir lu l’écriture et remis le livre au servant.

Quand Jésus se lève pour lire en chaire, tout se passe conformément au rituel, c’est après la lecture que tout bascule quand il se rassoit pour laisser la place à celui qui est chargé de commenter le texte. Car au moment où Jésus se rassoit, « Tous ceux qui se trouvaient dans la synagogue avaient les yeux fixés sur lui. » dit le texte.

Voilà ce qui n’est plus conforme au rituel.

Tout le monde suit Jésus du regard alors que tout le monde aurait dû continuer de regarder la chaire en attendant qu’une autre personne arrive pour faire le commentaire du texte que jésus venait de lire. Ça se passe comme ça dans nos églises !

Là, plus personne ne regarde la chaire !

Que s’est-il donc passé ?

Si tous les gens suivent Jésus du regard, c’est que la lecture qu’a faite Jésus en chaire n’a laissé personne indifférent. Cette lecture a provoqué chez tous ceux qui ont écouté ce texte un questionnement, une soif d’en entendre davantage de la bouche de Jésus.

A la fin de la lecture, tout le monde est suspendu aux lèvres de Jésus attendant la suite.

Comme Jésus se rassoit, tout le monde le suit du regard et attend qu’il parle.

Et, alors jésus dit à tous ceux qui le regardent : « Aujourd’hui cette Écriture s’accomplit dans vos oreilles. » Jésus dit que le passage qu’il vient de lire s’accomplit pour eux aujourd’hui.

Et il s’accomplit parce que leurs oreilles ont tinté à la lecture qu’a faite Jésus.

Voilà la première chose importante de ce récit : l’Écriture ne s’accomplit pas dans l’absolue comme on le croit trop souvent, elle s’accomplit pour ceux qui ont des oreilles.

Mais, qu’est ce qui s’accomplit pour eux dans leurs oreilles ?

Ecoutez à nouveau  ce passage d’Esaïe:

4.18 L’Esprit du Seigneur est sur moi, Parce qu’il m’a oint pour annoncer une bonne nouvelle aux pauvres ; Il m’a envoyé (pour guérir ceux qui ont le cœur brisé,)

4.19 Pour proclamer aux captifs la délivrance, Et aux aveugles le recouvrement de la vue, Pour renvoyer libres les opprimés, Pour proclamer une année de grâce du Seigneur.

Quand Jésus voit tout le monde le suivre du regard, il voit, en fait, tous ces gens dont parle Esaïe dans ce texte ;

il voit des pauvres entendre la bonne nouvelle, il voit des aveugles recouvrir la vue, il voit des captifs et des opprimés libérés et il voit des cœurs brisés être guéris.

Voilà pourquoi Jésus dit que ce passage s’accomplit ce jour-là dans la synagogue pour tous ceux qui le regardent, pour ceux qui l’écoutent.

Essayons de comprendre :

Quand Jésus voit tout le monde le suivre du regard, Jésus voit des pauvres assoiffés entendre la bonne nouvelle. Je le disais tout à l’heure, cette lecture a produit le désir de tous à vouloir en entendre plus de Jésus, à vouloir en connaitre d’avantage de lui. Cette lecture a rendu les gens de la synagogue pauvre de Jésus. Ils désirent maintenant entendre les paroles de grâce qui vont sortir de sa bouche.

Quand les gens entendront ces paroles de grâce, c’est la bonne nouvelle qu’ils entendront et cela les étonnera. Le texte d’Esaïe s’accomplit.

Quand Jésus voit tout le monde le suivre du regard, Il voit devant lui des aveugles qui recouvrent la vue. La vraie cécité pour l’humain est qu’il passe à côté de jésus sans le voir, qu’il ne voit pas celui qui a reçu l’onction du Seigneur quand il passe.

Quand Jésus voit les têtes se tourner vers lui pour le regarder, il ne peut que constater que les aveugles de cette synagogue ont été guéris de leur cécité. Le texte d’Esaïe s’accomplit.

Quand Jésus voit tout le monde le suivre du regard, Il voit des captifs et des opprimés libérés. En effet, pour les gens de la synagogue, la chaire d’où Jésus fait la lecture est considérée comme le lieu de la vie car c’est le lieu duquel Dieu va se faire connaitre quand l’Ecriture sera lue et commentée. Toute la synagogue est captive (et opprimée) par cela.

Peut-être que nous aussi quand on est à l’église.

En détournant leur regard de la chaire et en regardant Jésus, les gens de la synagogue font l’expérience dans leur corps que la vie ne vient pas de la connaissance des Ecritures mais de l’écoute des paroles de Jésus.

C’est ce qu’ils vont vivre juste après quand tous vont lui rendre témoignage et que tous seront étonnés des paroles de grâce qui sortiront de sa bouche.

En détournant leur regard de la chaire vers Jésus, les gens de la synagogue vivent une vraie libération.

La vie ne vient pas de la connaissance des Ecritures mais en écoutant les paroles de Jésus dans une relation vivante avec Lui. Le texte d’Esaïe s’accomplit.

Quand Jésus voit tout le monde le suivre du regard, il voit des cœurs brisés qui guérissent.

Un cœur brisé est un cœur qui ne sait plus aimer car il a reçu trop de claques, trop d’humiliations dans sa vie car il ne sait plus à qui faire confiance.

En suivant Jésus du regard, ces gens au cœur brisé trouvent enfin quelqu’un qu’ils vont pouvoir aimer car lui-même les a aimé en se levant et en lisant ce passage d’Esaïe. Une fois encore, le texte d’Esaïe s’accomplit.

En fait, dans cette synagogue de Nazareth, l’Écriture a joué son rôle : celui de renvoyer les gens sur Jésus, de renvoyer les gens qui ont entendu sur celui qui a reçu l’onction du Seigneur et qui proclame une année de grâce du Seigneur.

En fait, dans cette synagogue, Jésus fait découvrir aux gens qui l’ont entendu lire Esaïe, le rôle des prophètes, le rôle de l’Écriture, le rôle de la Bible.

L’Ecriture n’est que là pour montrer Jésus, orienter nos yeux vers Lui.

Voilà la 2e chose que nous enseigne ce récit.

Et cela est encore vrai pour nous chrétiens du 21e siècle. On croit trop qu’à force de lire la Bible, on va finir par disposer de la vie en nous, et cette conviction est d’autant plus forte que nous sommes protestants car nous avons mis la Bible au centre.

Eh bien non, la vie ne nous sera pas donnée à force de connaitre la Bible, à force de l’étudier, la vie nous sera donnée que par Jésus, que par une relation personnel que nous aurons avec Lui.

L’Écriture est là pour creuser notre soif de lui, nous renvoyer constamment vers Jésus, comme cela s’est fait dans la synagogue. Je travaillais cette semaine un texte de l’évangile avec un groupe. Et, à la fin, une des personnes nous partageait que ce texte lui était dur à comprendre. Lui posait plus de questions qu’il ne lui apportait de réponses. Au lieu d’être découragé, dans sa prière finale, il s’en est remis à Jésus pour qu’il le conduise sur ce chemin où il ne comprenait pas tout, sur ce chemin incertain de la foi.

La voilà, la vie : Dans la relation à Jésus.

La vie n’est pas contenue dans la Bible. Parfois on l’oublie.

Ecoutez ce que dit Jésus aux pharisiens : 5.39 Vous sondez les Écritures, parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle : (mais) ce sont elles qui rendent témoignage de moi. 5.40 Et vous ne voulez pas venir à moi pour avoir la vie !

Quand on est assis dans une église à écouter comme vous l’êtes, on est en grand danger de passer à côté de la vie. L’important n’est pas que le prédicateur ait bien parlé, ait dit des choses « intéressantes. » L’important est que ce qui est dit en chaire nous renvoie vers Jésus, vers notre relation à Lui ; L’important est que ce qui est dit en chaire nous donne envie d’entendre les paroles de grâce qui sortent de la bouche de Jésus : ces paroles que jésus a préparées pour chacun, chacun la sienne car quand on les entendra, nous aurons la joie de vivre par lui.

Que le Seigneur nous aide sur ce chemin de la relation car ce n’est que par cette relation avec Jésus que nous goûterons à la vraie vie, la vie éternelle.

A Jésus soit toute la gloire !

Amen

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