Nous la retiendrons donc, quand bien même, elle nous déroute…C’est peut-être cela qu’elle veut : « Nous faire réfléchir plus profondément sur Jésus et ses actes, nous qui sommes « vaccinés » devant l’intolérable… devant des situations toutes proches d’exclusion et de détresse que nous ne voyons plus »…Et nos « saintes colères », comme on dit, s’il nous arrive d’en avoir, s’arrêtent aux paroles, sans que des actes en jaillissent ».
Jésus lui, n’est pas vacciné… Devant ce lépreux qui vient tout près de lui et le prie, sa colère éclate…Colère qui va être puissance de délivrance…irruption du Royaume de Dieu dans la vie de cet homme, vraie résurrection d’entre les morts…Pourquoi ?
– Parce que ce n’est pas contre le lépreux que la colère de Jésus s’élève…
C’est contre la condition qui lui est faite en tant que lépreux…- Cette condition était la pire de toutes :
– La lèpre était la maladie dont l’horreur résumait toutes les autres, sans doute parce qu’elle atteignait si visiblement un être dans son intégrité physique…
– Sous ce nom, on incluait, à côté de la lèpre proprement dite, toutes sortes d’affection de la peau dont le seul lien était leur aspect extérieur…Cet aspect extérieur assimilait toute lèpre à la moisissure, à la corruption et donc à une puissance de mort à éviter à tout prix… Toute moisissure, toute corruption devaient être bannies du peuple de Dieu et de la présence de Dieu…C’est cela l’impureté : ce qui provoque cette exclusion, radicale dans le cas du lépreux…
– Exclusion pour lui de toute parole…de toute vie sociale…affective…sexuelle ; exclusion du culte…de la prière communautaire…des fêtes religieuses et de toute communion avec Dieu… Sa vie est vraiment celle d’un mort…
(ce que signifiaient les habits déchirés qu’il était tenu de porter en signe de deuil…Le nom qui désigne, en hébreu, un lépreux est terrible = c’est le « frappé de Dieu »…
On pensait qu’il fallait avoir commis de bien grandes fautes pour être visiblement atteint dans sa chair et ses os et le Psaume 38 que nous avons lu le soulignait bien : « Seigneur, plus rien n’est en bon état dans mes os, c’est le résultat de ma faute…) »