Nous allons ce matin accompagner une femme qui a vécu très proche de Jésus et particulièrement autour des sa passion et de sa résurrection :
Marie de Magdala ! Une femme hors du commun que l’évangéliste Jean a choisi de mettre au centre des événements : Une femme entière dans ses émotions, déterminée dans ses revendications, passionnée pour Jésus qui l’a délivrée du poids d’un passé tourmenté.
Marchons avec cette femme dans la nuit, le cœur lourd des derniers jours : cette arrestation en pleine nuit de Jésus son sauveur. Oui, ne l’avait-il pas délivré du péché de sa vie et de l’emprise de sept esprits mauvais qui le rendaient prisonnière de leurs lois sur sa vie. Marie avait alors décidé de suivre Jésus dans ses déplacements, de se joindre au groupe de femmes qui soutenaient Jésus financièrement (Luc 8 v 1 – 3). Elle revoyait la montée de Jésus vers le Golgotha, sa souffrance, la cruauté de la mise en croix, ce supplice inexplicable de cet homme bon qui l’avait guérie, elle et tant d’autres. Marie était au pied de la croix, elle a assisté au partage des vêtements, elle a entendu les sept paroles que Jésus a prononcées, elle n’a rien perdu de ce jour tragique. Le vendredi soir, avant le repas de la Pâques, elle a suivi Joseph d’Arimathée et les disciples qui ont déposé Jésus au tombeau, elle était assise juste en face (Matthieu 27 v 61), elle a vu rouler la pierre et fermer le tombeau, geste définitif. Elle a vu les gardes venir se poster devant le tombeau, y apposer des scellés afin qu’il ne puisse y avoir de subterfuge pour faire croire à une résurrection. Et tout cela tourne dans sa tête en marchant d’un pas vif.
Marie s’est entendue avec les autres femmes, dont la maman de Jésus, pour, dès le sabbat terminé, acheter des aromates et venir à l’aube embaumer le corps de Jésus pour limiter la décomposition. Mais marie n’avait probablement pas attendu les autres femmes, elle était venue la première, avant le lever du soleil, elle avait trop attendu, il fallait qu’elle voie le corps de Jésus, qu’elle pleure, fasse son deuil. Mais voilà que tout est inattendu : la pierre est déjà roulée, le corps absent !!
Une seule pensée la pousse à agir : retrouver le corps et ce sont les disciples qui savent ! Elle court et sans leur laisser le temps de comprendre, leur signale qu’on a pris le corps. Tout le monde repart en courant : à Pâques on court beaucoup ! Marie regarde Pierre et Jean examiner le tombeau : rien que les bandelettes et le linge qui recouvrait la tête de Jésus : de corps point ! Marie reste là, écroulée, doublement car elle a vu mourir son maître mais elle ne peut lui administrer les derniers gestes, les derniers honneurs.
Et voilà deux anges rien que pour elle ! Deux personnes vêtues de blanc (pureté, sainteté) ! pas de corps de Jésus mais 2 personnes !! Et qui lui posent cette question absurde : pourquoi pleures-tu ? !! Mais imperturbable, Marie réclame le corps d Jésus son Seigneur ! un homme est là derrière elle qui lui pose la même question absurde : pourquoi pleures-tu ? et en rajoute : qui cherches-tu ? c’en est trop ! elle est empêchée par la raison de reconnaître Jésus, elle ne voit qu’un homme, le jardinier, peut-être. Elle reprendra elle-même le corps si c’est lui qui l’a pris.
Et là ses émotions basculent : l’homme l’appelle par son nom. Il n’y a que Jésus pour prononcer le nom de Marie ainsi, est-ce l’intonation, le son de la voix de Jésus qui réveille en elle l’impossible ? « L’accent que prend, dans la bouche de Jésus, ce nom de Marie, exprime tout ce qu’elle est pour lui, tout ce qu’il est pour elle » Godet.
Tout bascule ou plutôt redevient comme avant : Jésus est là en chair et en os du moins le croit-elle car il ajoute « ne me touche pas » Jésus lui indique que les relations vont être autres, ce sera une relation spirituelle et non plus charnelle, Jésus l’envoie vers ses frères dire qu’il monte vers son Père et leur Père, vers son Dieu et leur Dieu. Marie ne discute pas, n’insiste pas non plus pour le garder, elle qui voulait tellement son corps, non, elle part (en courant ?) vers les autres, elle est porteuse d’un message de taille, elle est la première missionnaire : le Seigneur est vivant !!
2 – la résurrection dans nos vies
Pâques, le passage de la mort à la vie, concerne notre vie d’aujourd’hui. Notre existence est une succession de Pâques, de morts et de résurrections. A la suite de la Pâque vécue par les hébreux à la sortie du pays de mort qu’était devenue l’Egypte pour eux vers un pays de vie, la terre promise, à la suite de la mort de Jésus et de sa résurrection, chacun de nous est invité à vivre cette route. Cette promesse de vie n’est pas réservée à une élite, comme elle n’a pas été réservée à Pierre ou Jean, chacun s’entend appelé par son nom, personnellement, quel que soit son état et il s’établit alors une communion avec le Christ, avec Jésus, unique et basée sur l’amour. Par la grâce du Christ, chacun peut se sentir capable de se laisser aimer, guidé, envoyé, missionné.
Dans nos vies, il y a des chemins de mort, des choix que nous avons fait qui ne sont pas porteur d’amour, de paix, de bonheur et donc de vie : prenons quelques exemples pour expliciter ces chemins :
* le choix de croire aux paroles de jugement qui ont été prononcées sur nous par exemple et donc de se considérer comme « nul », « incapable », trop gros ou trop maigre », « sans valeur ».
* le choix de faire le métier que nos parents ont tellement souhaité pour nous que nous n’osons pas dire ce qui nous intéresse réellement.
* le choix de mentir (c’était mon cas) pour arriver à la hauteur de l’attente de mes parents en matière scolaire
* etc…
Ces choix nous ont conduits vers des emprisonnements que le Seigneur n’a pas voulus pour nous. C’est pour nous en délivrer que Jésus est venu, qu’il a parcouru la terre d’Israël, qu’il a enseigné et donné des signes puissants de vie tout au long de ses 3 années de ministère et c’est aussi pour nous en délivrer qu’il est mort sur la croix, se faisant lui-même porteur du péché et de la mort afin de ressusciter, de se relever de la mort maintenant vaincue et de nous appeler à quitter nos tombeaux, nos chemins de mort, à ressusciter à notre tour !
Qu’est-ce à dire ?
Il s’agit d’entrer dans une nouvelle vision de ce qu’est notre vie, une autre dimension, un mouvement de vie. Donc de se mettre en marche, avec en soi la vision de la vie de ressuscité que je veux recevoir et vivre. Tourner le dos à nos tristesses, déceptions, colères, peurs, refuser qu’elles gèrent notre quotidien, relever la tête, regarder à Jésus et à ce qu’il nous donne, se saisir de ses promesses, aller vers cette terre promise et bien réelle de la vie ! A nous de choisir la vie, le pardon, la grâce.
Nous revenons au choix : il suppose une décision. Marie de Magdala a choisi de partir vers ses frères en laissant Jésus là, de quitter ses larmes, de ne pas vouloir garder Jésus pour elle seule, elle a fait un choix de vie.
Que faire avec ces chemins de mort qui se sont souvent encrés en nous devenant une seconde nature ? Faut-il les refouler pour aller de l’avant ? Non, ce serait les enterrer et ils re-germeraient un jour !
Rappelons-nous la dernière prière de Jésus avant de rendre l’esprit : « Père pardonne-leur… »
Il est bon, une fois que nous avons fait le choix de les abandonner pour marcher dans une vie de ressuscité, de les mettre à la lumière, de reconnaître la part que nous y avons prise, le plaisir que nous y avons trouvé, d’en demander pardon au Père et de Le laisser, comme Jésus l’a fait pour Pierre après sa résurrection, venir nous rétablir dans notre identité de fils et fille de Dieu ce que nous sommes en Jésus Christ. Ce chemin-là nous mène à vivre la résurrection dans notre vie, elle ne sera plus une fête extérieure à nous que nous célébrons une fois par an, elle sera le quotidien de notre vie.
En Jean 16 v 22 nous trouvons cette parole de Jésus à ses disciples avant sa passion : « vous aussi maintenant vous voilà tristes, mais je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne pourra la ravir ». Si la paix est le signe de la présence de l’Esprit Saint, la joie est le signe de la résurrection ! La joie est le signe de la Pâques, du passage de l’ancien à la vie nouvelle, des habitudes mortifères, du désordre, de l’accablement, de la tristesse, du repliement sur soi, à la bénédiction de choisir de vivre, de prendre la direction du Royaume de Dieu, celui du bonheur ! Et cette joie sera porteuse de vie autour de vous.
Amen