Médiation dimanche 2 mars

Culte présidé par Eveline Charier. Texte : 2 Thessaloniciens 1 v 11 - 12 ; Luc 19 v 1-10

Voila un homme qui ne se laisse pas abattre par le qu’en dira-t-on : il est petit ? Qu’à cela ne tienne, il trouve une solution : il va monter pour arriver à voir Jésus

Ses concitoyens lui en veulent parce qu’il fait un métier mal vu ? Qu’importe, il est décidé à voir ce Jésus dont on parle tant, il va à l’essentiel. Les réflexions du genre  » Tu n’es qu’un sale collabo, un pécheur, qui vit et travaille avec les occupants païens », Zachée n’en a que faire aujourd’hui : Jésus il veut voir, Jésus il verra ! Et il court en avant pour être sûr de voir Jésus.

D’ailleurs qu’attend-t-il de Jésus ?

* Peut-être de voir cet homme qui se dit le Messie, c’est à dire celui qui va bouter dehors les Romains, lui faire perdre peut-être son travail !

* Lui, Zachée, qui est le plus petit homme de la ville de Jéricho est un des plus riches aussi, voire le plus riche, veut peut-être voir ce Jésus qui a dit de terribles paroles contre les riches (« Malheur à vous les riches car vous avez déjà votre consolation » (6:24) !

* Mais Zachée a aussi entendu raconter des guérisons surprenantes, des attitudes de cet homme, Jésus, hors de la pensée ordinaire des religieux qui l’ont d’ailleurs mis, lui Zachée, hors de la synagogue ! Qu’a-t-il de si extraordinaire pour se retrouver rejeté par tous les bien-pensant ? Comme lui finalement !

Ce qu’il avait perçu de Jésus, le pousse à braver le ridicule, à passer outre toute bienséance pour grimper comme un enfant sur un arbre, lui, l’adulte, lui le chef des douanes de Jéricho à la solde des Romains ! Remarquez, on dit bien que le ridicule ne tue pas !!

Et voilà que l’inattendu arrive : il est vu par Jésus ! Ce n’était pas prévu ! Le voilà repéré ! Et quand Jésus voit, cela change la vie parce que dans ce regard il passe tellement de choses ! Il est vu au fond de son être, connu et reconnu comme une personne à part entière, pas une demi-portion, il est vu et connu dans sa personnalité sans aucun jugement : Jésus a saisi qu’il a au-dessus de sa tête quelqu’un qui veut voir, comprendre qui est ce Jésus, qui veut s’en faire une idée personnelle. Zachée a désiré voir Jésus, il s’en est donné les moyens, il a enclenché le processus de rencontre. Jésus a vu tout cela en lui : l’homme blessé, l’homme rejeté, l’homme qui n’a pas craint de se ridiculiser, l’homme qui l’appelle par là à une rencontre, l’homme qui aspire au plus profond de lui-même à rencontrer de l’écoute, une compréhension totale, sans jugement. Pressentait-il que Jésus pouvait lui donner tout cela ?

Jésus n’a pas seulement vu Zachée, il lui parle : pas pour lui dire « Salut, mais, qu’est-ce que tu fais là ? » non mais, pour lui donner rendez-vous, et, tenez-vous bien, il lui l’invite à le recevoir chez lui : Je viens chez toi, c’est impératif ! Mais cela va bien au-delà de venir te rendre une petite visite : Jésus veut demeurer, c’est à dire élire domicile dans la vie de Zachée, y faire sa place, à long terme. Dans ta maison, c’est à dire en toi, dans ta vie, dans ton être intérieur, là où tu as tant besoin de paix, de guérison, de pardon, de bonheur. C’est là que Jésus s’invite même si cela passe par le concret de la vie : Zachée dégringole de son sycomore, court chez lui, donne des ordres pour un repas festif, pour préparer une chambre et tout ce dont Jésus peut avoir besoin ….

« Descend vite » : ainsi la vie nouvelle n’est pas un art de monter mais un art de descendre. Elle commence par un retour sur terre, à sa juste place, au milieu des autres. Les premiers mots de Jésus, c’est : descends et vite.

Et Jésus prend le chemin de retour vers Jéricho pour se rendre chez lui, il est entouré de murmures des mécontents : Jésus ne vient pas chez eux, mais chez ce pécheur, ce rapace de Zachée, et puis, Jésus ne nous a même pas parlé à nous, et il ne s’est intéressé qu’à ce nain qui se ridiculise ! Ah : Il en entend Jésus sur le chemin au sujet de Zachée mais il ne dévie pas car il sait combien Zachée a besoin de lui et comme il le dit à la fin : « Le Fils de l’Homme, lui-même Jésus, est venu chercher et sauver ceux qui étaient perdus » Les bien-pensants, « les croquantes et les croquants, les gens bien intentionnés » comme le dit Brassens, n’ont pas besoin de Jésus (Ce sont les malades qui ont besoin de médecins, pas les bien portants, dit Jésus aux pharisiens)

Et lorsque Jésus arrive, Zachée se tient debout devant lui : debout ! Pas préoccupé de recevoir d’abord mais de se tenir en vérité devant Dieu en premier lieu : se dire, révéler qui il est : un riche et peut-être un voleur, parce que son statut social le permettait, on était autorisé par les romains de se rembourser de l’achat de sa charge sur les clients à condition que cela n’empiète pas sur le montant de l’impôt.

Dans les accusations de ses concitoyens il y avait une part de vérité. Nous avons aussi à affronter dans notre vie le jugement des autres. Nous savons que ces accusations ne sont pas toutes justes, qu’elles sont à l’emporte pièce, sans mesure et qu’elles ne nous correspondent pas entièrement, qu’elles sont exagérées mais reconnaissons qu’il y a une part de vrai. Osons nous remettre en question : nous demander pourquoi cette personne dit cela de nous ?? Est-ce, parce que nous la dérangeons ? En quoi ? Est-ce une jalousie ? Est-ce par peur d’être remis en question à son tour ? Est-ce parce que mes choix sont erronés et que je dois les revoir, les prier ? Les expliciter, les expliquer sans les défendre pour autant ? Ai-je à demander pardon ? À pardonner ? Devant Jésus, Zachée ne s’est pas fermé : ne nous fermons pas non plus, c’est aussi notre chance de retrouver le chemin de nous-mêmes.

Zachée, dont le nom veut dire « pur » met à la lumière sa vie, il dit à haute voix, face au monde et devant Jésus que son cœur a été touché, qu’il n’envisage plus sa vie comme avant parce qu’il a été réconcilié avec lui-même, unifié par le regard de Jésus posé sur lui et par cette injonction qui répondait à son attente profonde : « Il faut que Je demeure aujourd’hui dans ta maison. » A dit le Christ. Guéri en profondeur de ses blessures, il peut guérir celles des autres et premièrement par le don en argent, ensuite par la réparation de ses torts.

Jésus voit que la grâce a touché le cœur de Zachée, que la foi en lui a pris racine et se montre par cette décision de réparer. Alors il affirme haut et clair au détracteurs et critiques que Zachée est un fils d’Abraham, un authentique juif, puisque le salut (mot rare dans l’Evangile) est entré dans le cœur, la vie de Zachée.

Jésus dit : « Aujourd’hui, le salut est venu pour cette maison ».

Ce qui compte est le mot « aujourd’hui » c’est daté, il y a un avant dans la vie de Zachée et il y a un après. Quand le Seigneur transforme notre vie, il y un avant et il y a un après qui est en fait une naissance à une nouvelle vie, une nouvelle façon de voir la vie, soi-même et les autres parce que notre perception est guérie, pacifiée, redressée. Que votre « aujourd’hui » soit une porte ouverte, un nouvel horizon et une nouveauté de vie avec le Seigneur.

Dieu, en Jésus cherche un contact unique est profond avec chacun de nous

Amen

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