Là non

Prédication du dimanche 2 Juillet Par Eric Deguilhaume Texte Marc 11 versets 1 à 11

Dans ce texte il y a beaucoup de monde. Il y a Jésus bien entendu, les douze disciples mais seulement deux sont mis en avant, il y a les villageois, la foule qui entoure Jésus et un ânon.

Bien souvent quand on lit un livre, un roman, on aime s’identifier à un personnage, car on reconnaît des traits de caractère, des situations vécues.

Pour ce texte on peut faire la même chose, se poser des questions ?

Qui on voudrait être et pourquoi ? Qui on pourrait être et pourquoi ? Quelle place pour tous ? Quel degré d’importance donne-t-on à ces personnages ? Qui a conscience de ce qui se passe (les gens, l’ânon) et pour quoi, pour qui ? Qui est le centre de cette histoire ?

Qui on voudrait être ? 

Peut-être un disciple ou bien un des deux qui vont chercher l’ânon. Remarquez qu’il n’y a pas de discussion. Jésus les envoie comme il envoie semer la bonne nouvelle au monde « allez », il envoie chercher l’ânon comme il nous envoie chercher notre prochain. Et remarquons au passage que les disciples ne sont pas nommés dans ce texte, il peut s’agir de n’importe lesquels mais jésus les a choisis. On voudrait être un d’eux car ils sont proches de Jésus ? Parce qu’ils sont importants et engagés?

Peut-être un villageois qui demande pourquoi ? La réponse n’est pas pourquoi, mais pour qui et pour quoi. « C’est pour notre seigneur car il en a besoin ». Les villageois ont la réponse et laissent partir l’ânon. On voudrait être un villageois parce que tout ça ne le concerne pas, il connait Jésus puisqu’il laisse partir l’ânon, mais pas plus. Il vit très bien sans Jésus.

Peut-être ceux qui entourent Jésus, ceux qui suivent ou précèdent pour faire le chemin, le dégager, le sécuriser (couper des branches, les déposer sur le chemin, acclamer Jésus à son passage,… Hosanna, Hosanna, Béni soit celui qui vient au nom du seigneur), lui dire « on est avec toi seigneur, béni sois tu ». On voudrait être une personne de la foule car elle peut, de manière incognito, discrète, vivre sa relation avec Jésus, le soutenir, mais sans pour autant s’engager.

Peut-être l’ânon qui va vivre un moment magique dans sa vie d’âne, une âme pure, jamais souillée par le pécher, une âme d’enfant, un jeune baptisé désormais membre de la famille de Jésus. Tout comme ce jeune enfant pur, l’ânon n’a pas conscience de l’appel de jésus, de cet appel. « J’ai besoin de toi ». On voudrait être l’ânon car on est au-devant de la scène et on fait quelque chose de visible par les autres, pour Jésus, là il le porte sur son dos. L’ânon voit plein de monde, il a des vêtements sur lui, il marche sur des branches mises devant lui. Il doit se demander ce qu’il lui arrive. On est en contact direct avec Jésus mais sans en être conscient. Une action sincère, pure, sans demande en contrepartie.

Qui on pourrait être ?

Si cette scène était jouée au théâtre, tous aurait un rôle, un petit rôle (court, invisible, silencieux) un membre de la foule au énième rang par exemple, un rôle un peu plus remarquable (celui qui crie ou qui jette un vêtement, des branches), d’autres encore plus visibles mais silencieux (les dix disciples sur les douze présents), des seconds rôles (les deux disciples et les villageois… qui ont du texte, mais qui ne sont pas nommés expressément), l’ânon qui porte jésus (rôle humble car même si c’est un rôle très fort, c’est un rôle interchangeable, cela aurait pu être un autre ânon avec les mêmes conditions) et dans le rôle principal Jésus qui ne parle pas mais c’est la star, le personnage central.

Tout le monde connait son rôle (ce qu’il doit faire) et son texte et la pièce de théâtre est captivante. Tous les acteurs forment une troupe, une seule et même entité, même s’ils viennent d’horizons très différents, chacun a besoin de l’autre pour exister dans cette scène.

A chacun de nous de s’identifier au personnage que l’on pourrait être. Nous venons de voir qui on voudrait être et maintenant qui on pourrait car il y a souvent une différence entre je veux et je peux, avec les capacités qui sont les miennes. Personnellement je voudrais être un grand coureur comme Hussain Bolt, vous savez le jamaïcain plusieurs fois champion olympique…. Voilà vous avez compris entre… je voudrais et je pourrais. Rien ne vaut un bon exemple.

Au niveau mise en scène il y aurait un gros boulot pour que tout le monde y trouve sa place et que son rôle ait du sens. Et oui chaque personne a un sens dans cette œuvre et chacun a une place bien déterminée. Jésus bat à plate couture tous les metteurs en scène… passés, actuels et futurs.

Quelle importance donne-t-on  à ces personnages ?

Si on enlève le moindre acteur dans cette scène, plus rien ne fonctionne. Si on enlève les disciples, il n’y a pas d’envoi, pas de missionnaire, il n’y a pas d’ânon dans cette scène. Si on enlève les villageois, qu’en est-il de la puissance de Jésus ? (le seigneur en a besoin), ça devient du vol et du recel. C’est impensable. Si on enlève la foule qui entoure Jésus qu’en est-il de la glorification, de l’acclamation (imaginez le tableau : Jésus est seul sur le chemin assis sur un ânon) et si on enlève l’ânon qu’en est-il de la pureté, de l’âme pure, de la rémission des pêchers par le sacrifice de Jésus ? Qu’en est-il de la troupe s’il n’y a plus personne, il n’y a plus de convivialité, de partage, de bonheur partagé.

Changement de décor…

Entrée de Jésus dans le temple et tout compte fait, il est tard… retour à la maison.

C’est ce que nous dit le verset 11 : « Jésus entra à Jérusalem, dans le temple. Quand il eut tout considéré, comme il était déjà tard, il s’en alla à Béthanie avec les douze ».

Plus rien, on baisse le rideau, la représentation est finie.  Alors là, je ne l’ai pas vu venir celle-là. Tout considéré, jésus s’en alla… tout ça pour ça ?

Comme je disais à l’instant : « si on enlève le moindre acteur… »  Eh bien, c’est ce que Jésus fait au verset 15. Il revient et entre à Jérusalem…. mais sans ânon, sans foule. (Silence) Il doit bien y avoir une raison à toute cette mise en scène ?

Quelle place pour tous ?

Eh bien, oui, tout ça pour ça, car ça n’est pas rien, ce n’est pas tout ça pour rien mais pour ça pour tout ça, pour toutes ces personnes qui ont manifesté leur amour à jésus, leurs cris, leur dévotion, pour tous ceux qui ont cassé des branches, jeté leurs vêtements, pour tous ceux qui ont trouvé leur place auprès de jésus, place silencieuse, invisible, de missionnaire, de clameur, lointaine comme les villageois mais soumis à l’autorité. Dans les versets 1 à 10 Jésus assoit son autorité, sa notoriété, il permet à ses  « fans » de s’exprimer. Il montre sa puissance, qu’il est bien le roi des Juifs et que cette mise en scène est nécessaire et indispensable à l’accomplissement de l’œuvre de Dieu, à l’accomplissement de l’écriture. Nous sommes au début de la passion.

On pourrait se poser la question suivante : comment Jésus savait qu’il y avait un ânon attaché dans le village suivant ? Il montre qu’il sait, que son chemin est tracé, il montre ainsi le but de sa vie humaine… que la volonté de Dieu, le créateur, doit être accomplie Tout ce qui arrive participe à l’accomplissement de l’œuvre de Dieu. Nous sommes appelés à participer à l’accomplissement de l’œuvre de Dieu.

Nous avons vu que chaque personne est appelée par jésus (j’ai besoin de toi). Chacun a une place dédiée, un rôle à jouer. Petit, court, silencieux, de premier ordre, qu’importe pour Jésus, tous les rôles ont la même importance.

Il peut y avoir des centaines de personnes derrière la porte, si celui qui a la clé n’est pas là, s’il n’ouvre pas la porte, tout est vain.

Notre participation, notre engagement dans notre communauté, la place que nous avons accepté de tenir, est celle que nous déterminons, suivant nos compétences, nos moyens. Si personne n’ouvre la porte du temple, il n’y aura pas d’office, nous pouvons chanter à capella, mais avec un musicien, c’est mieux, nous pouvons faire plein de choses, seul, mais avec des frères et sœurs c’est mieux. Jésus nous appelle à cela, à nous rassembler autour de lui, à vivre des moments forts ensemble, à travailler, à produire ensemble, à aider, à mettre ses compétences au service de la communauté qui est la nôtre.

Que connait-on de l’ânon, des villageois, de la foule ? Rien et on n’entend plus parler d’eux.

Est-ce important de laisser une trace ? Comme je l’ai exprimé plus haut leur rôle a été indispensable, vitale, sans eux ce récit n’aurait pas existé. Il reste le texte, un témoignage.

Ça pouvait être aujourd’hui ou demain que jésus entre dans le temple et accomplisse la parole. Ce n’était pas le jour, mais nous ne connaissons ni le jour, ni l’heure, il faut se tenir prêt, et nous nous préparons. C’est peut-être là aussi un message. Préparez-vous et toutes vos actions ne sont pas vaines quand elles sont faites au nom du Seigneur et pour sa gloire.

Une dernière réflexion, si vous me le permettez. De toutes façons c’est moi qui parle, alors je considère avoir votre permission. Donc les acteurs sont payés, bien souvent au prorata du temps passé sur scène et de l’importance du rôle.  Tous les acteurs de cette scène sont payés, plus ou moins évidemment. Eh oui, on peut être un acteur « banquable », autrement dit qui rapporte grâce à son nom sur les affiches. Et il y a les méconnus qui bien souvent sont au chômage, quand celui-ci existe. Nous ne sommes pas tous égaux devant le travail et la « réussite ».

Mais alors là aussi et comme on peut le dire « là non », avec Jésus tout est différent. Pour Jésus tout le monde, tout être à la même importance que l’autre, à ses yeux nous sommes on ne peut plus égaux, je l’ai déjà dit il y a quelques minutes en ce qui concerne les rôles.

C’est vrai tel que je suis Dieu m’aime. Et fort de cette certitude, tout le monde est payé pareil. Dieu nous comble de ses bienfaits et de son Amour. Dieu verse sur nous des torrents d’Amour, de miséricorde, de solutions à nos problèmes intérieurs à travers ses écrits.

Jésus nous appelle à le suive, il a besoin de chacun de nous, prenons la place que jésus nous offre par Amour.

Amen

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