Culte du dimanche 18 juillet 2021
Prédication par le pasteur David Veldhuizen
Textes bibliques : Marc 6,30-34 et Jérémie 23,1-6
Frères et sœurs,
La semaine dernière, l’évangile de Marc nous racontait comment Jésus avait envoyé ses disciples en mission, deux par deux : ils devaient appeler à la conversion, chasser les démons, guérir les malades. Pour cela, Jésus leur avait donné une autorité. Combien de temps ont-ils été sur les routes ? Marc ne nous ne le dit pas. Il est probable qu’ils aient parcouru les environs du lac de Galilée, pendant plusieurs jours, voire quelques semaines. Pendant ce temps, l’évangéliste explique qu’Hérode a fait exécuter Jean Baptiste. Mais cela s’est passé à Jérusalem. Ce jour-là, autour du lac de Galilée, les disciples, maintenant qualifiés d’apôtres, c’est-à-dire d’envoyés, sont de retour auprès de Jésus. On peut imaginer leur excitation : quelques jours auparavant, ils ne faisaient qu’accompagner Jésus ; mais là, ils ont été eux-mêmes les acteurs de la Bonne Nouvelle. Ils ont annoncé le Royaume et ont été entendus ; ils ont effectué des exorcismes et des guérisons… Oui, ils doivent tout raconter à Jésus, sans qui rien de tout cela n’aurait été possible !
C’est donc le temps des retrouvailles, mais aussi du ressourcement. En effet, les disciples ne sont pas seulement excités, mais aussi fatigués, et on apprend qu’il serait temps qu’ils puissent manger avec Jésus. Jésus est conscient de leur état. Il tient à prendre soin de ses amis. Pourtant, en plus des allées et venues de la vie quotidienne, l’endroit où ils se retrouvent est parcouru par des hommes et des femmes qui ont probablement suivi les binômes de disciples. Après avoir été interpellé par les apôtres, beaucoup souhaitent sûrement aller à la source, voir et entendre Jésus lui-même. On se presse, nombreux, auprès du Nazaréen et de ses amis, au point qu’il leur est impossible de partager un repas. Jésus et les Douze prennent donc place à bord d’une barque, en direction d’un endroit isolé qui n’est pas nommé. Mais là encore, après le court répit de la navigation, le projet est contrarié. Les foules ont deviné et les foules ont couru, au point de devancer la barque.
Jésus va voir la quête, la détresse de ces femmes et de ces hommes. Même s’il est conscient et attentif au besoin de ressourcement de ses disciples, Jésus estime qu’il y a une urgence plus grande : enseigner à ces centaines et milliers de personnes qui se sont empressées. Quelques versets plus loin, à l’issue d’un repas de pain et de poisson avec infiniment davantage de convives que les Douze, nous apprenons qu’il y avait là 5 000 hommes ! Pour Jésus, cette foule correspond au troupeau de Dieu, un troupeau laissé sans berger. Cette idée d’un troupeau sans guide, qui se disperse et se perd, qui n’est ni protégé ni soigné, est énoncée plusieurs fois par les prophètes : notamment en Ézéchiel 34, et aussi en Jérémie 23, c’est le deuxième texte que nous avons entendu. Dans ces passages du Premier Testament, au nom du Seigneur, les prophètes comme Jérémie reprochent aux responsables du peuple de l’avoir abandonné, d’avoir pensé à leur propre situation plutôt qu’à ceux qui leur étaient confiés.
En fait, les textes sont nombreux dans la Bible où l’on compare les bergers humains et le berger envoyé par Dieu. On peut penser au Psaume 23, mais aussi aux paroles de Jésus dans l’évangile de Jean, dans lesquelles il explique être « le bon berger ».
Le message peut être résumé simplement. Le seul berger fiable est Jésus ; il est impossible à des êtres humains d’être d’aussi bons bergers que le fils de Dieu. Les contours du troupeau peuvent changer : parfois, c’est le peuple hébreu au sens strict, parfois c’est un peuple de Dieu qui dépasse les frontières humaines ; dans notre perspective chrétienne, ce sont à la fois nos églises et notre monde tout entier.
Nos communautés, nos sociétés, nos pays ont des responsables, plus ou moins attentifs à l’appel d’amour et de justice de Dieu. Mais ces responsables restent et demeurent des êtres humains, avec leurs faiblesses, leurs fragilités, leurs lâchetés, leur égoïsme… Ne plaçons donc pas des espérances démesurées à l’égard de ces bergers humains. Apprenons néanmoins à les aimer comme des frères et des sœurs. Concrètement, il s’agit de trouver le juste équilibre entre confiance, sans laquelle ils ne pourront rien faire, et vigilance, sans laquelle les plus faibles sont exposés. Pour que notre attitude soit ajustée, n’oublions ni de nous engager nous-mêmes, ni de prier pour celles et ceux à qui d’autres sont confiés.
Quand la Bible souligne qu’il n’y a qu’un seul berger fiable pour l’humanité, cela ne signifie pas que nous devons abandonner nos éventuelles responsabilités. Il n’est pas question de démissionner, de renoncer, conscients de notre incapacité à égaler le Christ. En revanche, la Parole de Dieu nous aide à nous rappeler les objectifs que nous cherchons à atteindre quand nous avons la charge d’autres personnes. Même si nous ne pouvons y parvenir, il est utile de nous souvenir de ce qui est prioritaire.
Si Jésus est attentif aux besoins de ceux qu’il envoie en mission, il n’oublie personne. Il prend aussi soin de ceux qui ne le connaissent pas. Il est le seul à toujours faire passer l’intérêt des enfants de Dieu, l’intérêt de ses frères et sœurs, avant le sien. Il a accepté de mourir sur une croix, alors qu’il était innocent, pour que nos fautes ne nous séparent plus de Dieu. Notre Seigneur est toujours disponible pour celles et ceux qui ont besoin d’un guide. Jésus est toujours prêt à nous écouter et à nous répondre, à nous enseigner pour que nous ne soyons plus perdus. Notre Seigneur se laisse bouleverser par notre situation, et nous donne des paroles pour revenir sur son chemin. Amen.