Heureux ?

Culte du dimanche 1er novembre 2020
Prédication par le pasteur David Veldhuizen

Texte biblique : Matthieu 5,1-12

Mercredi soir, nous avons appris l’imminence d’une nouvelle période de confinement. Confinement certes allégé par rapport au printemps, mais aussi davantage appréhendé, car nous nous rappelons encore des difficultés d’une première expérience qui avait duré près de deux mois.

Jeudi, nous avons été choqués, à nouveau, par la violence terroriste, qui a frappé des Français ordinaires qui nous ressemblent d’autant plus qu’ils sont chrétiens. C’était à Nice. A Lyon, hier soir, c’est un prêtre orthodoxe fermant son église qui a été blessé, pour une raison encore inconnue…

Il y a quelques années, les personnes et instances qui avaient choisi les Béatitudes pour l’évangile de ce 1er novembre étaient loin de se douter du contexte actuel.

Heureux, cet enseignant puis ces croyants attaqués ? Heureux, ces proches emportés par le CoVid ? Heureux, ces confinés affaiblis moralement ? Heureux, celles et ceux qui glissent dans la précarité, car rares sont ceux qui sortent renforcés de l’épreuve ?

Les Béatitudes, encore une fois, nous bousculent. Elles nous rappellent aussi que notre vision de ce monde n’est pas la seule possible. Dans ce début du Sermon sur la montagne, Jésus souligne qu’il y a des différences fondamentales entre nos façons de pensée et la façon dont Dieu conçoit son royaume pour nous.

Là où nous voyons de la pauvreté spirituelle, Dieu voit un potentiel, une place laissée pour transformer les cœurs.

Là où nous détournons le regard, devant la détresse profonde des endeuillés, Dieu discerne les germes d’une vie renouvelée.

Là où nous déplorons l’impuissance ou nous méprisons la faiblesse, Dieu recrute ses amis.

Là où nous limitons ou nuançons l’urgence de la justice, Dieu nous montre les miracles de sa grâce.

Là où nous hésitons à compatir et à pardonner, Dieu offre à l’humanité entière la vie de son Fils.

Là où nous sommes méfiants, Dieu compte sur nous pour accomplir sa volonté.

Là où nous nous laissons emporter par nos peurs et nos colères, Dieu est toujours disponible pour nous accueillir.

Là où nous mesurons les risques de nos engagements ou de nos convictions, Dieu nous fait goûter aux promesses de son royaume.

Là, enfin, où nous choisissons la prudence, la pudeur ou le silence au sujet de notre foi, Dieu rend notre joie infiniment communicative.

Oui, Jésus proclame que « ni la tristesse, ni le manque, ni l’humiliation, ni l’angoisse ne constituent de condamnation pour l’être humain » ; au contraire même, il suggère que « c’est chez les humiliés, les accablés, les frustrés, oui c’est en ceux-là, quand se lève pour eux l’aurore, quand ils rentrent de l’exil, quand ils passent la mer, en ceux-là qu’est l’avenir du monde. » (Maurice Bellet).

Les Béatitudes sont décidément profondément révolutionnaires. Elles ne prétendent pas qu’il vaut mieux souffrir que de ne pas souffrir. Mais elles ouvrent une brèche dans les engrenages du mal, dans les mécanismes de la mort. Les paroles de Jésus combattent les impasses de nos pensées, elles luttent contre les puissances qui nous dévalorisent, nous découragent, et nous asservissent. Ce sont des paroles de bénédiction qui neutralisent et surpassent nos insuffisances et nos erreurs.

Frères et sœurs, notre actualité est bien sombre, et nous avons besoin de nous soutenir mutuellement pour rester debout ou même nous relever. Les épreuves que nous traversons sont bien réelles. Avec les Béatitudes, nous pouvons prendre courage : le royaume ne s’éloigne pas de nous, la joie et l’allégresse restent possibles, mieux, elles nous sont promises.

Ni le fanatisme ni la maladie ne peuvent éteindre l’amour de Dieu pour nous. Ni le terrorisme ni un virus ne peuvent tuer l’espérance. Ne craignons pas de faire monter vers le Seigneur notre colère et notre peur, notre sentiment de détresse en somme. Par son Esprit, il nous aidera à engager l’énergie suscitée par ces émotions dans la construction de son royaume. Oui, cherchons l’amour de Dieu, cherchons sa justice, par l’amour de notre Créateur et de notre prochain. Et nous ressentirons joie et bonheur. Amen.

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