Méditation du dimanche 8 septembre

Culte présidé par Eveline Charrier texte : Marc 7, 31-37

Le texte de ce dimanche est un passage de Marc racontant la guérison d’un sourd-muet par Jésus. Il finit par cette constatation d’une foule étonnée devant ce miracle du Christ : «Il fait entendre les sourds et parler les muets ». (Marc 7, 37)

Ce miracle, Jésus ne l’a pas fait en Judée ou en Galilée, lieu habituel de             son ministère, mais de l’autre côté du Jourdain, en Décapole, c’est-à-dire au-delà    des frontières de la Terre Promise.

En franchissant le Jourdain, Jésus a d’abord franchi une frontière, quittant Israël, « la Terre de la Foi », pour s’enfoncer au cœur d’une terre étrangère qui est aussi celle des autres croyances et de l’incroyance. Ainsi, le premier enseignement de ce passage est dans ce recul de la frontière de la Mission, au-delà de nos « terres saintes », autrement dit des limites religieuses et confessionnelles que nous nous sommes données.

Là, dans ce lieu inhabituel pour un prédicateur juif, Jésus va rencontrer un sourd-muet, ou plutôt on va le lui amener pour qu’il lui impose les mains. Jésus va s’isoler avec lui et avec des gestes de thérapeute lui toucher les oreilles et la lui mettre de sa salive sur la langue ; mais au-delà de ces gestes, c’est par une Parole d’autorité qu’il va libérer la parole et ouvrir les oreilles de cet homme.

« Ephphatha ! Ouvre-toi ! » … Et l’homme va s’ouvrir, la pierre qui fermait son tombeau roule en libérant son entendement et sa parole. J’ai demandé à une orthophoniste comment un sourd-muet peut communiquer et elle m’a répondu : « s’il ne connait pas le langage des signes, il ne peut quasiment pas communiquer car il ne peut pratiquement pas apprendre à lire, car lire et prononcer sont des actions dépendantes l’une de l’autre, elles sont liés, inséparable lors de l’apprentissage.

C’est ainsi pour lui Pâques mais aussi Pentecôte, avec cette Parole qui, enfin libérée, va s’échapper aux quatre coins du monde… et plus rien ne pourra désormais l’arrêter, même les recommandations de Jésus ! Miracle de la Foi, notamment celle de ceux qui ont amené l’homme vers Jésus pour qu’il le guérisse. Miracle de la Prière, celle de Jésus qui va toujours chercher dans sa communion intime avec le Père la Force de guérir et de délivrer les hommes. Jésus a dit lorsque la femme hémorragique a touché son vêtement qu’une force est sortie de lui. Et nous savons qu’il nous faut une force intérieure, une énergie pour écouter l’autre et prier pour et avec lui.

Mais il y a aussi les miracles de la Volonté qui pousse l’homme, relevé par la Parole du Christ « lève-toi et marche », à se mettre debout malgré sa misère, ses souffrances ou ses handicaps. Parfois on dit « je fais avec », si on le dit avec un gros soupir, comme une fatalité, on n’est pas dans la dynamique de Jésus, mais si on le dit avec ferveur, avec enthousiasme, avec foi on est dans la dynamique de Dieu. « the chosen » un comité de juifs et chrétiens exégètes passent au crible le scénario et chaque scène, une fois tournées, du film afin d’être fidèle aux Évangiles. Ce qui est romancé respecte ce que disent les Evangiles. Ainsi  Jacques-le-mineur handicapé guérit au Nom de Jésus !!

Quant à nous, notre Foi n’est peut-être pas plus grande qu’une toute petite graine de moutarde, mais à cause de la Parole du Christ que nous avons entendue, nous croyons qu’une petite graine de Confiance en Dieu peut déplacer bien des montagnes, notamment les limites posées par la raison ou notre condition humaine, pour accomplir des miracles là où l’on n’attendait plus rien.

Dans son Evangile, Marc nous montre la relation étroite qu’il peut y avoir entre le Salut d’un homme et sa guérison, mais aussi entre la Foi d’un homme ou de proches (comme ici ou en Marc 2) et sa guérison. Nous le savons bien, sous les coups de la souffrance, l’esprit comme le corps sont ébranlés ; et si à cause de la maladie l’homme risque de perdre la vie il peut tout autant perdre la Foi.

D’ailleurs dans l’Evangile on ne distingue pas la victoire sur la maladie (Mc 2, 1-12) de la victoire sur les esprits mauvais ou le Péché (Mc 9, 14-29). Le mal ainsi chassé, étant aussi bien spirituel que corporel. Salut et guérison sont donc étroitement liés.

Dans le passage de l’Evangile de Marc 2, le paralytique porté par ses amis, outre qu’il est d’abord purifié de ses péchés, est guéri à cause de la foi de ceux qui l’ont porté vers le Christ et aussi de la sienne lorsqu’il obéit à l’ordre de Jésus de se lever. C’est justement ce que nous faisons lorsque nous accompagnons quelqu’un qui souffre, par nos actes mais aussi nos prières. Jésus apportait ainsi la puissance vivifiante, ressuscitante de Dieu. Les malades ne s’y trompaient pas quand ils accouraient vers lui ; de même les croyants ne s’y trompaient pas quand ils lui amenaient les souffrants. Jésus apporte toujours cette puissance de vie, mais souvent on ne la laisse pas entrer en nous. De plus, nous négligeons ce pouvoir de la prière.

Joana ne pose aucun acte sans prier et comme elle prie toujours à haute voix, je suis donc témoin de cela, je crois que Dieu en me l’ayant confiée m’a mise à l’école de la prière : prier c’est mettre Dieu en premier, le mettre dans le coup de ce que nous allons faire : entrer dans sa journée, déjeuner, prendre la voiture, rencontrer quelqu’un, faire ses courses, aller au travail, etc… Si parfois cela peut paraitre agaçant, je dois reconnaître qu’elle a des paroles de connaissance qui se réalisent, qu’elle est exaucée à chaque fois. Elle mène des temps de prière de combat, dans ces cas, elle jeûne. Je sais que ce n’est pas courant de parler de cela chez nous, mais j’apprends tellement, si vous saviez !

Pour ma part, je crois que le fait de croire que nos actions et nos prières pour l’autre peuvent être porteuses de vie, d’espérance et de salut, rendent celles-ci plus efficaces. Cette efficacité n’est pas la conséquence de nos paroles et gestes, mais, comme pour Jésus, d’un acte de Foi en Dieu, d’une Espérance folle en son immense Miséricorde, en sa Tendresse infinie pour l’homme. L’Exaucement est là déjà inscrit dans le fait de prier ou d’œuvrer pour l’autre. En effet, en ne laissant pas le malade seul avec sa souffrance et en accompagnant son questionnement sur la vie, ses absurdités mais aussi ses miracles, nous lui ouvrons un chemin vers la guérison : celle de l’âme, par la rencontre que l’on peut faire avec un Dieu qui porte nos souffrances ; mais aussi celle du corps, du fait d’un changement radical de perspective, d’une conversion-purification qui, nous délivrant de notre Péché mais aussi du poids de nos culpabilités, nous rend vraiment libre et vivant.

Comme les amis du sourd-muet de Marc 7 ou du paralytique de Marc 2,              nous pouvons donc, nous aussi, porter la guérison aux malades ; d’abord en les écoutant, les accompagnant, puis en insufflant au cœur de leurs souffrances une parole d’Espérance, fortifier leur Confiance, en eux, au monde, en Dieu.

Je rappelle aussi, que dans sa liste des dons que l’on peut recevoir de l’Esprit, Paul cite en 1 Corinthiens 12, 9, celui de « guérison ». Cependant loin de moi l’idée de dire que la foi peut tout ! Car dans les Eglises où l’on prêche que la prière,              la foi, certaines pratiques pénitentielles ou le charisme particulier du « pasteur » peuvent guérir tous les maux… la non-guérison est vécue comme la conséquence d’une indignité marquée par le Péché, créant alors un surcroît de souffrance. Dieu peut certes tout, cependant si la vie reste pleine de miracles, ils ne tombent pas forcément tous du Ciel, pouvant aussi surgir ici-bas au cœur du quotidien. Nous le savons, la Parole de Dieu prêchée et entendue peut ouvrir des espaces de guérison ; de même que le Pardon donné et accepté, en purifiant le cœur, offre à bien des corps la guérison. Mais n’oublions pas aussi que l’habilité des chirurgiens, l’écoute et la parole des thérapeutes, des prêtres ou des pasteurs, le dévouement des éducateurs, des travailleurs sociaux, des visiteurs de malades ou de prisonniers, mais aussi, quoiqu’on en dise, de beaucoup de nos élus… porte en germe l’Espérance d’une guérison pour l’homme et le monde.

Amen.

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