Méditation du dimanche 25 août

Culte présidé par Brigitte Rouby Lecture biblique : Jean 15, 9 à 17 De l’intérêt des modes d’emploi… Prédication Pasteure Françoise Mési

Aujourd’hui, je vous propose de parler de l’intérêt des modes d’emploi, en partageant une prédication de la pasteure Françoise Mési.

 

« Voilà ce que je vous instruis de faire, afin que vous vous aimiez les uns les autres ».

La traduction que l’on entend habituellement de ce passage est :

«Ce que je vous commande, c’est que vous vous aimiez les uns les autres ».

On connait ce passage par cœur… mais on passe son temps à essayer de l’oublier, parce que c’est rigoureusement infaisable. Infaisable parce que s’aimer les uns les autres, çà veut dire….

….aimer aussi votre voisin de palier qui continue à mettre de la musique à fond à 2h du matin alors que vous lui avec expliqué que le lendemain vous travaillez, et que pour pouvoir travailler, il faudrait pouvoir dormir…

…et une fois au travail, aimer aussi le contrôleur (le chef) qui abuse de son petit pouvoir en vous faisant refaire vingt fois la même chose en oubliant à chaque fois un détail dont vous aviez besoin, et qui vous oblige à tout recommencer…

…et une fois rentré(e), aimer aussi votre mère qui vous téléphone cinquante fois par semaine pour vous expliquer ce que vous devez faire.

…et….et…et

Est-ce que Jésus serait comme le contrôleur qui ne vous donne pas toutes les billes, histoire de vous regarder vous planter ?

C’est pour ça que ça vaut la peine d’y regarder d’un peu plus près, d’enlever les sédiments des traditions d’interprétation pour en revenir au texte brut, qui peut ouvrir à d’autres pistes d’interprétation. Je vous propose d’explorer celle que je viens de lire.

La première piste intéressante, c’est que Jésus explique comment rester dans son amour : il suffit de lire le mode d’emploi. « Si vous observez mes instructions, vous restez dans  mon amour, de même que moi, j’ai observé les instructions de mon Père, et je reste dans son amour ». L’amour n’est pas un mot ambigu, qui peut tout aussi bien s’appliquer à la passion amoureuse qu’à l’amitié ou à la relation entre chrétiens. Ici, l’amour entre les chrétiens est clairement défini comme étant la relation qui relie tous ceux qui suivent le même mode d’emploi, c’est-à-dire qui prennent comme cap dans leurs actions celui que Jésus nous a indiqué par son enseignement et par le témoignage de sa vie. L’amour entre chrétiens n’est ni une abstraction, ni un absolu : c’est la relation qui naît entre ceux qui écoutent, méditent et essaient de mettre en pratique l’Evangile.

Deux conséquences : çà ne s’applique pas à mon voisin ni à mon contrôleur s’ils ne sont pas chrétiens. Ce qui s’applique à eux, ce sont d’autres passages, comme par exemple la réponse que Jésus donne au scribe qui cherche à le piéger en lui demandant qui est son prochain dans le commandement du Livre du  Lévitique (chapitre 19, verset 18) : « aime ton prochain comme toi-même » Vous vous en souvenez sans doute : c’est la parable du bon Samaritain, au chapitre 10 de l’évangile de Luc.

Mais çà peut s’appliquer à votre mère… au sujet de laquelle je vous invite à relire Marc 3, 31-35 : La mère et les frères de Jésus arrivent alors ; restant dehors, ils envoyèrent quelqu’un pour l’appeler. Une foule était assise autour de Jésus et on lui dit : « Ecoute, ta mère, tes frères et tes sœurs sont dehors et ils te cherchent. » Jésus répondit : « Qui est ma mère et qui sont mes frères ? » Il regarda les gens assis tout autour de lui et dit : « Voici ma mère et mes frères ! Car celui qui fait la volonté de Dieu, celui-ci est pour moi un frère, une sœur et une mère. »

…Et çà peut aussi s’appliquer à tel ou tel membre d’Eglise qui lui aussi use de son pouvoir pour vous mettre des bâtons dans les roues parce que, même si le conseil a donné son accord à votre initiative, lui pense qu’elle n’est pas bonne et qu’il est de son devoir de vous en empêcher. Là je vous invite à relire Matthieu 18 ; versets 15 à 17 : Si ton frère a péché contre toi, va et reprends-le seul à seul. S’il t’écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s’il ne t’écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute affaire se règle sur la parole de deux ou trois témoins. S’il refuse de les écouter, dis-le à l’Eglise ; et s’il refuse aussi d’écouter l’Eglise, qu’il soit pour toi comme un non-juif et un collecteur des taxes.

Voilà qui donne à l’amour fraternel  toute son épaisseur : l’épaisseur de notre Nouveau testament. Le mode d’emploi d’amour fraternel que Jésus nous a laissé est copieux, et matière à réflexion. Il se lit et se médite dans la prière. En fonction des situations, c’est un mode d’emploi vivant, qui appelle une interprétation dans la prière avec l’aide de l’esprit.

Et c’est un mode d’emploi dont on vérifie si on l’a bien compris d’une manière très simple comme nous l’indique le verset 11 : Je vous en ai parlé afin que ma joie soit en vous, et que votre joie soit totale. Ca élimine donc d’emblée une compréhension de sacrifice ou de victime. Le problème quand on lit les traductions habituelles de notre texte, c’est qu’on écoute à la lumière de la passion et de la mort de jésus qui vont  suivre. Mais quand Jésus parle, c’est avant. Et il dit bien dans le verset suivant : Voici mon instruction afin que vous vous aimiez les uns les autres comme je vous ai aimés. Comme je vous ai aimés… au passé. C’est à dire dans tout ce qu’il a vécu et partagé avec ses disciples : les moments de joie, les moments de peine, et les moments où il les a enseignés…  Et Jésus enfonce le clou : Je ne vous appelle plus comme des esclaves, parce que l’esclave ne cherche pas à comprendre ce que veut faire le maître ; mais je vous ai parlé comme à des amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. Jésus ne nous prend pas pour des moutons bêlants qui vont le suivre aveuglément à l’abattoir … mais pour des amis… rendez-vous compte ! Des personnes qu’il met au même niveau que lui ! Et à qui il a transmis tout ce qu’il a reçu de son père : ce fameux mode d’emploi de l’amour fraternel, que nous appelons Nouveau testament. Et le marqueur d’une bonne décision prise après avoir correctement interprété ce mode d’emploi d’amour fraternel… c’est la joie.

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