Notre Église fait partie d’un groupement qui s’appelle la Cevaa : Communauté évangélique d’action apostolique. On lui a donné ce nom compliqué au moment de sa création en 1971, car à cette époque -là, le mot ‘mission’ était devenu presque tabou dans nos Églises de la Réforme.
On le rattachait dans notre imaginaire collectif à des manœuvres coloniales d’asservissement des peuples, de non respect de leur culture, d’évangélisation forcée. Alors, au nom du droit des peuples, au nom d’une certaine idée de la liberté de conscience, nous avons tiré un voile pudique sur ce passé missionnaire. Nous avons voulu oublier ce mouvement d’expansion du protestantisme qui est souvent parti d’Europe vers les autres régions d’Afrique et d’Océanie.
Le travail missionnaire mené par la Mission de Paris a duré 150 ans, ce qui est beaucoup dans notre courte histoire protestante. Il a contribué à créer une bonne vingtaine d’Églises protestantes à travers le monde, dont plusieurs sont devenues plus grosses que notre Église en France. Mais nous nous comportions un peu comme si la mission était honteuse. On ne l’enseignait plus dans les facultés de théologie. On lui tournait le dos. On remettait même en cause nos solidarités avec ces Église d’outre-mer, nées de la mission. Qu’elles nous laissent tranquille ! Qu’elles cessent de toujours demander ! Qu’elles n’essaient surtout pas de nous donner des leçons ! Bref, la mission était en crise !
Curieusement, c’est par le monde profane que le mot ‘mission’ a retrouvé un sens positif. On parle de ‘mission humanitaire’ pour secourir les victimes d’une catastrophe ou d’un conflit, on parle de ‘chargé de mission’ dans le domaine professionnel ou dans le travail social. Bref, on perçoit mieux aujourd’hui que la mission ne consiste pas à aller se dupliquer chez l’autre en le vidant de sa personnalité, mais d’abord à lui apporter une aide, un secours, des raisons nouvelles d’espérer.
C’est dans ce sens positif que se doit se comprendre le thème de la mission qui traverse une grande partie des Écritures. Avec les deux textes que nous avons lus à l’instant, je vous propose de réfléchir à deux types de mission :
– La mission du Christ pour tous les humains
– Notre mission à la suite du Christ
Entre les deux, nous réfléchirons à partir de la réaction de Thomas sur ce que les gens attendent aujourd’hui.