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Prier, louer, guérir, bénir : des responsabilités collectives
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Culte du dimanche 3 octobre 2021
Prédication par le pasteur David Veldhuizen
Texte biblique: Jacques 5,13-20
Chers amis,
Depuis la fin de l’été, je vous ai proposé plusieurs prédications à partir de l’épître de Jacques. Dans les premiers chapitres, l’auteur de cette lettre souhaitait raffermir les repères des croyants : non, ce n’est pas Dieu qui est à l’origine du mal ou des épreuves. Jacques multipliait également les conseils de sagesse. Il soulignait l’importance de l’écoute puis de la parole mesurée. Et au chapitre 2 puis au début du chapitre 5, il mettait en garde ses interlocuteurs à l’égard des richesses humaines : elles ne doivent pas conduire à des comportements privilégiant les forts, et ceux-ci doivent savoir que les moyens dont ils disposent leur confèrent, en retour, des responsabilités à l’égard des moins favorisés.
Ce matin, il est aussi question de responsabilités. Dans un style très direct, l’auteur de la lettre évoque plusieurs cas de figure que l’on peut retrouver dans une communauté, quelle qu’elle soit. Jacques recommande de réagir à chaque situation. Si l’auteur de la lettre responsabilise la personne qui éprouve une difficulté, il montre également à quel point il est important de veiller mutuellement les uns sur les autres. Reprenons donc ces quelques versets.
La première situation est celle de la souffrance, terme à la fois précis et général. La souffrance peut revêtir de multiples dimensions. Quelle qu’en soit la cause, la personne qui souffre est invitée à prier. Autrement dit, à exprimer ce qu’elle ressent. Dans la Bible, combien de psaumes, notamment, témoignent de la détresse de celui qui prie, que ce soit sous forme de supplication ou de colère ? Parfois, la plainte semble durer, comme au Psaume 86,3 : « Fais-moi grâce, Seigneur ! Car je t’invoque sans cesse. » Ces émotions ont leur place dans notre dialogue avec Dieu. En effet, extérioriser ce qui nous fait du mal permet, et c’est un mécanisme connu, de faire sortir une partie du mal qui nous ronge ; cela lui donne un espace pour exister hors de nous, cela permet aussi de mettre à distance le mal. En psychanalyse, on pourrait parler de catharsis. La prière ne fait pas disparaître soudainement la souffrance (cela peut arriver mais c’est rare), mais elle nous permet de mettre des paroles sur cette dernière, elle permet de distinguer ce qui nous blesse de ce qui nous fait vivre.
La deuxième situation nous emmène dans un autre univers, qui semble à priori moins compliqué. « Quelqu’un est-il dans la joie ? » interroge le sage, qui ordonne alors : « Qu’il chante. » Si celle ou celui qui souffre peut préférer le silence, la femme ou l’homme qui éprouve de la joie va plus naturellement vouloir l’exprimer, la partager. Il y a en fait au moins deux dimensions au chant : le chant est déjà partage d’une émotion positive entre ceux qui l’entonnent et entre ceux qui l’entendent, et c’est merveilleux. Mais c’est aussi une façon de manifester sa reconnaissance, sa louange, car la joie la plus grande est celle que l’on reçoit sans y être pour quoi que ce soit. Dire merci à Dieu pour ce qu’il nous arrive d’heureux contribue à ce que notre relation avec le Seigneur soit ajustée. Oui, réjouissons-nous, et faisons-le ensemble !
Troisième cas de figure : la maladie, là encore une expérience tellement universelle… Là, il appartient à la personne malade de faire appel « aux anciens de l’Église » pour qu’ils prient pour elle, pour qu’il reçoive un signe au nom du Seigneur, pour que sa santé soit rétablie, et ses péchés pardonnés. Vous le savez, c’était particulièrement vrai autrefois, cela l’est parfois encore aujourd’hui, certains croient que la maladie est la conséquence de notre péché. Jacques n’ignore pas cette croyance, mais il suggère que le lien entre péché et maladie n’est pas du tout systématique. Il est important de nous en souvenir ! Surtout que l’auteur de la lettre poursuit son propos, encourageant à la confession communautaire de nos torts. Il encourage aussi à la bénédiction mutuelle, quand il parle de « souhaiter le bien ». Ces pratiques sont aussi nécessaires pour guérir. Pour le dire autrement, la maladie qui frappe sans raison doit être accompagnée par la prière du malade (rappelez-vous le premier cas de figure : « Quelqu’un est il dans la souffrance ? Qu’il prie. ») mais aussi par la prière des responsables de la communauté. Mais il y a aussi des maladies, des maux qui sont alimentés ou aggravés par nos erreurs, nos faiblesses, nos comportements, et la guérison dépend alors de la résolution de ces problèmes. L’humilité de reconnaître ses fautes, la volonté de les réparer, la repentance, la recherche du pardon et de la réconciliation, oui, voilà un chemin de guérison. Ce chemin, il n’appartient pas qu’aux autres, Conseillers presbytéraux, pasteurs, membres de l’association d’entraide, ou quelque autre ministère reconnu, il n’appartient pas qu’aux autres de l’emprunter. Cela peut aussi être à chacune et chacun d’entre nous de montrer la voie, d’y engager des premiers pas…
Jacques, pour souligner l’importance ou l’efficacité de la prière, donne ensuite l’exemple du prophète Élie. Élie, c’est un prophète qui a su tenir tête au pouvoir royal de son temps, mais vous le savez aussi, un prophète qui a traversé des périodes difficiles, notamment un temps de dépression avec une volonté de mettre fin à ses jours… L’auteur de l’épître insiste sur l’humanité d’Élie, « de la même nature que nous ». Or cet homme aussi ordinaire que nous a prié avec foi, et à deux reprises sa prière a été exaucée ; d’abord une absence de pluie, pendant trois ans et six mois ; et ensuite, une pluie capable de rendre la terre à nouveau féconde. Et si nous nous inspirions de l’exemple du prophète ? Si, poussés par la Parole ou l’Esprit de Dieu, nous osions prier pour ce qui nous tient vraiment à cœur ?
Les deux derniers versets de notre passage sont la fin, un peu surprenante, de cette lettre attribuée à Jacques. Rappelez-vous. « Si quelqu’un parmi vous s’est égaré loin de la vérité… » Notre Église protestante unie de France affirme dans sa Déclaration de foi que la vérité la dépasse, qu’elle n’est qu’un visage parmi d’autres de l’Église universelle. Ce ne sont pas ceux qui ont un jour fréquenté notre église, et qui en fréquentent aujourd’hui une autre, qui se seraient éloignés de la vérité. En revanche, il y en a sûrement qui ont perdu le chemin d’une spiritualité vécue en communauté, ou même de la foi. Et il y a tous ceux qui n’y ont jamais goûté. Jacques rappelle que c’est une bénédiction de faire venir ou de faire revenir quelqu’un à Christ. C’est une bénédiction pour la personne retrouvée, c’est une bénédiction pour la personne qui a permis ces retrouvailles, c’est une bénédiction pour l’ensemble de la communauté des enfants de Dieu. Alors oui, ayons le souci de celles et ceux que nous ne voyons plus, allons à la rencontre de celles et ceux qui ne viennent plus ou ne sont jamais venus, car cela est bon, car cela, c’est un pardon accordé en abondance, c’est de la vie retrouvée.
Dans quelques instants, nous partagerons la Cène, puis ce sera l’assemblée générale de notre association d’entraide. En prenant ensemble le repas auquel le Christ nous invite, nous nous rappelons que nous formons une communauté, sans oublier celles et ceux qui ne communient pas ce matin avec nous. En échangeant autour des projets et du fonctionnement du Groupe solidarité, ayons aussi à cœur d’assumer les responsabilités qui sont les nôtres, dans la prière, la louange, l’accompagnement des malades et la recherche de celles et ceux qui sont loin du Christ. Amen.